Élections inéquitables

11/02/2000
Rapport

A la veille de l’Anniversaire de la Révolution islamique, le 11 février, et de la tenue des élections législatives, le 18 février, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et la Ligue de défense des droits de l’Homme en Iran (LDDHI) tiennent à rappeler leurs préoccupations quant à la situation des droits de l’Homme en Iran.

La FIDH et la LDDHI déplorent que la candidature de plus de 600 personnes a été rejetée par le Conseil des gardiens, haute instance contrôlée par les factions conservatrices, qui a pour vocation de vérifier l’attachement des candidats aux principes islamiques. Les conservateurs ont ainsi écarté, sous un semblant de légalité, une partie des principaux candidats proches des modérés. Par ailleurs, la FIDH et la LDDHI rappellent leurs plus grandes réserves quant aux conditions qui prévalent dans le déroulement même des élections en Iran. En effet, les candidats sont notamment contraints de reconnaître leur loyauté au principe du vélayat-e-faghih, c’est-à-dire de la suprématie du Guide sur toutes les institutions de l’Etat, écartant de facto les candidats de l’opposition laïque. Nos organisations estime que dans ces conditions les élections qui se dérouleront la semaine prochaine ne peuvent être considérées comme équitables et représentatives de la volonté du peuple, selon les critères universels en matière de droits de l’Homme.

La FIDH et la LDDHI rappellent également que de nombreuses atteintes à la liberté d’expression et de la presse ont été déplorées depuis deux ans. Ainsi Mohsen Kadivar, éminent théologien et essayiste, a été arrêté en février 1999 et condamné à 18 mois de prison par le tribunal Spécial pour le Clergé, pour activités subversives contre La République islamique.
Une dizaine des journaux indépendants dont les quotidiens Salam, Néshat, Khordad, Zan ont été suspendus au cours de l’année 1999.
Abdollah Nouri, directeur du quotidien réformiste Khordad a été condamné, le 27 novembre 1999, à cinq ans d’emprisonnement, pour " propagande " contre le régime et " diffamation " contre le Guide Suprême.
Le 27 novembre dernier également, Machaollah Chamsolvaezine, rédacteur en chef du quotidien Néshat, a été condamné à trois ans de prison pour avoir publié un article contre la peine de mort en Iran.
Nik Ahangh-Kosar, caricaturiste du quotidien Azad, a été arrêté le 5 février 2000, du fait que ses dessins étaient considérés " insultants " pour un membre du clergé.

A la suite des manifestations étudiantes de juillet 1999 contre la fermeture du quotidien Salam, les milices du Hezbollah soutenues par les Forces de l’ordre, ont attaqué le campus de l’université de Téhéran. Plusieurs personnes ont été blessées et une personne tuée par balle. Par la suite plus de 1000 étudiants et activistes politiques ont été arrêtés à Téhéran et à Tabriz, dont les dirigeants du Parti de la Nation Iranienne. A la fin de l’année 1998, le président de ce parti et son épouse avaient été assassinés par des membres des Services de renseignement.
A la suite de ces arrestations, des dizaines de ces personnes ont été condamnées à des lourdes peines d’emprisonnement et l’une d’entre eux, M. Akbar Mohamadi a été condamné en décembre dernier, à la peine de mort.

La FIDH et la LDDHI tiennent également à rappeler leur préoccupations quant au maintien en détention de nombreuses personnes, pour des raisons politiques, et notamment de :
 Abbas Amir-Entezam, le plus ancien prisonnier politique iranien, arrêté en novembre 1979 et condamné à la perpétuité. A la suite d’une courte libération pour raison de santé, a été de nouveau incarcéré en novembre dernier.
 13 juifs iraniens arrêtés au cours du mois de mars 99, accusés d’espionnage et passibles de la peine de mort. La semaine dernière, trois d’entre eux, dont un adolescent de 16 ans, Navid Balazadeh, ont été relâchés sous caution.

Enfin la FIDH et la LDDHI déplorent qu’aucune sanction pénale n’ait été prononcée à l’encontre des assassins présumés de 5 intellectuels iraniens, dont Parvaneh et Dariush Forouhar. Des hauts responsables des Services de renseignement font partie des personnes suspectées d’être à l’origine de ces assassinats. Des poursuites ont été engagées mais aucune information n’a été rendues publiques sur leur identité.

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