Dans les prisons du régime de Téhéran, la vie de nombreux prisonniers de conscience est aujourd’hui en danger

05/06/2012
Communiqué
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Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme et ainsi que son organisation affiliée, la Ligue iranienne de défense des droits de l’Homme et Reporters sans frontières, condamnent fermement le traitement inhumain réservé aux prisonniers d’opinion, et notamment aux défenseurs des droits de l’homme, aux journalistes, et aux net-citoyens emprisonnés en Iran.

Déclaration conjointe :

La situation des droits de l’Homme en Iran ne cesse de se dégrader. Nous continuons d’observer des morts suspectes de prisonniers et des mauvais traitements dans les différentes prisons du pays, notamment dans les prisons d’Evin et de Raja’i Shahr. La vie de nombreux prisonniers de conscience est aujourd’hui en danger. Parmi eux, Narges Mohammadi, Mohammad Sedigh Kaboudvand et Hossein Ronaghi Maleki sont gravement malades. Nous demandons leur libération définitive et inconditionnelle. Nous appelons les autorités iraniennes à ne pas continuer à exposer ces vies humaines. Nous les tiendrions pour responsables s’il arrivait malheur aux personnes concernées.

Narges Mohammadi, journaliste et porte-parole du Centre des défenseurs des droits de l’Homme,a été arrêtée le 21 avril 2012, dans la ville de Zanjan (nord du pays), avant d’être transférée à la prison d’Evin à Téhéran. Elle avait déjà fait l’objet d’une arrestation à son domicile dans la soirée du 10 juin 2010. Suite à la pression subie durant les interrogatoires, elle avait été victime d’une crise de nerf, puis libérée provisoirement le 2 juillet 2010 et hospitalisée pour une paralysie des muscles. Deux mois plus tard, elle a été condamnée à onze ans de prison ferme pour “réunion et complot contre la République islamique”, “publicité contre le régime” et “collaboration avec le Centre des défenseurs des droits de l’homme”. Le 4 mars 2011, cette condamnation avait été réduite à six ans de prison ferme par la Cour d’appel. Le 16 mai 2012, la famille de Narges Mohammadi a été informée de son transfert à la prison centrale la ville de Zanjan.

Taghi Rahmani, son mari, lui aussi victime du harcèlement permanent des services de sécurité, a été contraint de quitter le pays en 2012. Il a exprimé son inquiétude quant à la détérioration de l’état de santé de sa femme.
Narges a été transférée à la prison centrale de Zanjan, illégalement et contre son gré. Elle est détenue avec des prisonniers de droit commun. Cet exil risque d’aggraver son état de santé. Dans les prisons en général, et particulièrement dans les prisons provinciales, l’accès aux traitements médicaux est limité. Chaque jour qui passe rend cet accès aux soins plus difficile voire inaccessible. a déclaré Taghi Rahmani aux organisations des défenseurs des droits de l’Homme.

Mohammad Sedigh Kaboudvand, directeur du journal Payam-e mardom-e Kurdestan (suspendu en 2004), a entamé depuis deux semaines une grève de la faim. Incarcéré depuis juillet 2007 à la prison d’Evin (Téhéran), il a été condamné, le 22 juin 2008, à onze ans de prison par la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, pour avoir créé une association de défense des droits de l’Homme au Kurdistan. Plusieurs fois victime de malaises, et privé de soins nécessaires, le journaliste voit son état de santé se détériorer. Il proteste contre la décision inhumaine des autorités judiciaires qui l’empêche de rende visite à son fils, gravement malade et hospitalisé dans un hôpital à Téhéran. L’acharnement contre le journaliste n’est pas récent ; depuis son arrestation, les autorités pénitentiaires ont systématiquement rejeté ses demandes de permission, malgré ses problèmes de santé.

Le blogueur Hossein Ronaghi Maleki, a entamé une grève de la faim, le 26 mai 2012, pour protester contre ses conditions de détention. Malgré deux opérations des reins et un état de santé très fragile, ce défenseur des droits de l’Homme ne bénéficie pas des soins nécessaires. Ses jours sont aujourd’hui en danger. Arrêté le 13 décembre 2010, il purge une peine de quinze ans de prison. Le 2 juin, L’Ayatollah Sadegh Amoli Larijani, chef du pouvoir judiciaire en Iran, a ordonné son hospitalisation, mais les proches du blogueur n’ont reçu aucune garantie pour la suite de son traitement.

« La République islamique profite de la situation difficile de la région, et des négociations qui ont lieu dans le cadre du programme nucléaire avec certains pays (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie), pour détourner l’attention de l’opinion publique et minimiser la gravité des atteintes aux droits de l’Homme en Iran. Les autorités refusent toujours la visite d’Ahmed Shaheed, rapporteur spécial chargé d’examiner la situation des droits de l’Homme en Iran. En dépit des lois nationales et internationales, aucune observation indépendante n’est menée sur les prisons et la protection des droits fondamentaux des personnes détenues. La communauté internationale doit obliger les autorités iraniennes à collaborer sans condition avec les Nations unies, et à faciliter la visite du rapporteur spécial », ont déclaré les organisations de défense des droits de l’Homme.

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