Viols collectifs en Inde : l’indignation d’Alice Mogwe, présidente de la FIDH

08/10/2020
Déclaration
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Le mardi 29 septembre, une jeune femme de 19 ans, Manisha, est morte en Inde, deux semaines après avoir été torturée lors d’un horrible viol collectif à Hathras, dans l’Uttar Pradesh. La jeune fille appartenait à la classe des Dalits, autrefois appelés « Intouchables », la caste la plus basse dans le système rigide des castes, toujours très présent en Inde malgré son abolition officielle en 1950.

Depuis, de nombreuses manifestations ont éclaté en Inde alors que la famille de Manisha accuse la police locale d’avoir incinéré le corps de la jeune femme au milieu de la nuit sans autorisation.

Le 7 octobre, la présidente de la FIDH Alice Mogwe décidait de prendre la parole lors d’une manifestation organisée en ligne, à l’appel d’un large collectif d’organisations comprenant des femmes Dalits et People’s Watch, une organisation indienne de défense des droits humains et membre de la FIDH.

Nous sommes profondément horrifiés par les récents rapports concernant le viol collectif de Manisha, 19 ans, membre de la communauté des Dalits, dans l’Etat de l’Uttar Pradesh. A la suite de l’autopsie, le corps de Manisha n’a pas été rendu à la famille et a été incinéré alors que la famille était confinée à l’intérieur, sous surveillance policière.

La FIDH est depuis longtemps préoccupée par la question de la discrimination, celle fondée sur la caste et celle basée sur le genre, qui ternit le bilan en matière de droits humains de l’Inde. En 2017, lors de son examen périodique universel (EPU) au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, l’Inde a pris deux engagements précis (recommandations EPU 161.81 formulée par le Pérou et 161.82 formulée par l’Argentine) :
• Poursuivre la lutte contre la discrimination, l’exclusion, la déshumanisation, la stigmatisation et la violence dont sont victimes les castes répertoriées
• Faire évoluer le cadre législatif ainsi qu’enquêter sur et sanctionner les auteurs d’actes de discrimination et de violence à l’encontre des castes répertoriées, et plus particulièrement des Dalits.

Lors de cette session au Conseil des droits de l’Homme, l’Inde s’est aussi engagée à garantir l’égalité des genres et à redoubler d’efforts afin d’assurer une complète protection des filles et des femmes, particulièrement en ce qui concerne les violences sexuelles.

La Fédération Internationale pour les Droits Humains condamne de manière ferme l’exploitation, l’exclusion, la déshumanisation, la stigmatisation, la violence ainsi que la discrimination basée sur le genre.

Nous demandons au gouvernement indien de respecter ses engagements internationaux pris au Conseil des droits de l’Homme en 2017. Nous exigeons le respect de la dignité humaine de tous, y compris des femmes, indépendamment de leur classe ou caste.

Alice Mogwe, présidente de la FIDH

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