14 février 2022
M. Manoj Sinha
Lieutenant-gouverneur, Jammu et Cachemire
rajbhawan@jk.gov.in
adsecy.rb-jk@nic.in
ps.rb-jk@nic.in
Monsieur le lieutenant-gouverneur Manoj Sinha,
Nous, les 58 organisations de défense de la liberté de la presse, organisations de défense des droits humains et médias soussignées, vous écrivons pour vous demander d’intervenir de toute urgence afin d’obtenir la libération immédiate de Fahad Shah, rédacteur en chef du portail d’information en ligne The Kashmir Walla, et le retrait de toutes les enquêtes de police ouvertes sur son travail journalistique.
Le 4 février, les autorités ont arrêté Shah au poste de police de Pulwama, où il avait été convoqué plus tôt dans la journée pour être interrogé. Le premier rapport d’information indique que Shah fait l’objet d’une enquête pour sédition présumée et pour avoir fait des déclarations causant des troubles publics, ainsi que pour activités illégales en vertu de la loi antiterroriste Unlawful Activities (Prevention) Act. Avant son arrestation, la police avait interrogé Shah au sujet de la couverture par The Kashmir Walla d’une fusillade entre les forces gouvernementales et des militants.
Shah est connu en Asie du Sud et dans le monde entier comme un journaliste d’une grande intégrité. Ses écrits pour le magazine The Nation ont été récompensés lors des 2021 Human Rights Press Awards. Son reportage sur les événements au Jammu-et-Cachemire est un travail d’intérêt public, et non un crime, et devrait être protégé par la loi indienne.
Nous vous demandons également d’organiser la libération immédiate des autres journalistes kashmiris détenus — Sajad Gul, Aasif Sultan et Manan Gulzar Dar — qui, comme Shah, ont tous été emprisonnés en vertu de lois antiterroristes ou de détention préventive, apparemment en représailles à leur travail.
Depuis l’abrogation de l’autonomie politique du Jammu-et-Cachemire en août 2019, les groupes de défense de la liberté de la presse et d’autres droits ont recensé de nombreux incidents de détentions et de menaces à l’encontre de journalistes dans la région. De ce fait, la libération de Fahad Shah et d’autres journalistes détenus arbitrairement est une étape essentielle pour empêcher une aggravation de la criminalisation de la profession au Jammu-et-Cachemire.
Nous vous demandons instamment de veiller à ce que les autorités abandonnent leurs enquêtes de représailles sur les quatre journalistes, retirent les accusations injustifiées portées contre eux et permettent aux membres de la presse kashmiri.es de travailler librement sans risquer d’être détenu.es, harcelé.es ou soumis.es à d’autres formes de représailles gouvernementales.