Vers un hold-up électoral...

05/02/2004
Communiqué
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Le gouvernement élu, dirigé par les réformateurs, est chargé de l’organisation des élections. Toutefois, le Conseil des gardiens a rejeté le mois passé 2500 candidats sur les 8000 qui se sont présentés aux élections législatives. La raison invoquée à l’appui de cette décision est qu’ils avaient violé les principes islamiques et la Constitution iranienne.

La majorité des candidats invalidés sont des réformateurs, et comprennent parmi eux 87 membres du Parlement. Il s’agit donc de près du tiers des membres actuels du Parlement.

Plusieurs ministres réformateurs, des gouverneurs chargés d’organiser les élections dans les provinces ainsi que 125 membres du Parlement ont présenté leur démission la semaine dernière afin de protester contre l’exclusion d’un si grand nombre de candidats. Le principal parti réformateur a également menacé de boycotter les élections. Le Guide suprême a alors donné l’ordre au Conseil des gardiens de réexaminer les candidats écartés. Environ 400 d’entre eux devraient ainsi pouvoir participer aux élections.

Toutefois, le Guide suprême a dit hier que toute démission par des officiels est contraire à la loi et proscrit par l’Islam, ce qui expose à de graves châtiments car ce serait une entrave au processus électoral. "Cela ressemble à une menace contre ceux qui critiquent la façon dont les élections sont actuellement préparées", a dit Karim Lahidji, Vice-président de la FIDH et Président de la LDDHI.

"Le Parlement iranien est aux mains des réformateurs depuis quatre ans. C’est le seul organe élu en Iran et il a fourni des efforts constants pour améliorer le cadre juridique de protection des droits humains en Iran. Toutefois, le Conseil des gardiens, un organe non élu contrôlé par la droite religieuse, a systématiquement mis son veto aux réformes", a ajouté M. Lahidji.

Après sa visite en Iran en novembre dernier, le Rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d’opinion et d’expression a dit que "la pratique actuelle du Conseil des gardiens de sélectionner, principalement sur la base de critères subjectifs, les candidats aux élections, est une entrave à l’exercice effectif du droit de prendre part à la conduite des affaires publiques et à la libre expression des électeurs". [traduction informelle] Elle viole par conséquent l’article 25 du Pacte international sur les droits civils et politiques, ratifié par l’Iran.

"La communauté internationale, et l’Union européenne en particulier, ne peut pas garder le silence sur ce hold-up électoral en Iran : il témoigne d’une nouvelle dégradation de la situation des droits humains dans le pays. Le contexte actuel ne peut que déboucher sur des élections inéquitables, et sur la suppression de toute voix divergente dans le Parlement, qui était le dernier organe officiel disposant d’une certaine indépendance", a conclu Sidiki Kaba, Président de la FIDH.

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