Cambodge : La disqualification du principal parti d’opposition permet un nouveau simulacre d’élection

01/06/2023
Communiqué
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TANG CHHIN Sothy / AFP

La FIDH condamne fermement l’exclusion, pour des raisons politiques, du principal parti d’opposition cambodgien des prochaines élections générales, alors que le gouvernement continue de réprimer son opposition politique et ses détracteurs. Cette exclusion a déstabilisé le processus électoral cambodgien et privé les Cambodgien·nes de leur droit de participer aux affaires publiques et politiques.

Paris, 1et juin 2023. Le 16 mai 2023, le Comité national des élections (CNE) du Cambodge, dominée par le Parti du peuple cambodgien (PPC) au pouvoir et dirigé par un membre de longue date du Comité permanent du PPC, a refusé d’enregistrer le Candlelight Party, au motif qu’il n’avait pas soumis les documents nécessaires à l’enregistrement du parti. Le Candlelight Party a ensuite déposé un recours auprès du Conseil constitutionnel afin d’annuler la décision du CNE. Le 25 mai 2023, le Conseil constitutionnel, composé de cinq membres de la direction du PPC, a décidé à l’unanimité que la disqualification du parti par le CNE était constitutionnelle. Cette décision du Conseil constitutionnel est définitive.

« Pendant près de quatre décennies, le Premier ministre Hun Sen a empêché l’émergence de la démocratie au Cambodge. La disqualification du Candlelight Party pour un détail technique montre, une fois de plus, que Hun Sen est déterminé à prolonger son règne. La communauté internationale ne doit pas reconnaître la légitimité de l’élection à venir et son résultat prévisible » a déclaré Adilur Rahman Khan, Secrétaire général de la FIDH.

L’élection des 125 membres de l’Assemblée nationale est prévue pour le 23 juillet 2023. Sur les 20 partis politiques qui ont tenté de s’inscrire à l’élection, 18 ont été autorisés par le CNE à participer au scrutin. Cependant, après la disqualification du Candlelight Party, le PPC du Premier ministre Hun Sen ne fait face à aucun défi sérieux dans les élections et Hun Sen lui-même est prêt à prolonger son règne de déjà long de 38 ans ou à transmettre le pouvoir à son successeur choisi - son fils et commandant des Forces armées royales cambodgiennes (FARC), Hun Manet.

Les prochaines élections devraient reproduire le scénario des précédentes élections générales, qui se sont tenues en juillet 2018. Avant ces élections, le principal parti d’opposition de l’époque, le Parti du sauvetage national du Cambodge (PSNC), avait été dissous par la Cour suprême influencée par le PPC en novembre 2017. Le Candlelight Party, qui a émergé dans le sillage de la dissolution du PSNC comme son alter ego et la seule opposition viable au PPC, a vu sa popularité augmenter et a obtenu plus de 1,6 million de voix (soit environ 22 %) lors des élections communales de juin 2022.

La disqualification du Candlelight Party est la dernière d’une série d’actes visant à réprimer systématiquement l’émergence d’un principal parti d’opposition, notamment des tentatives de meurtre, des agressions physiques et sexuelles, des arrestations, des persécutions judiciaires, des actes d’intimidation et de harcèlement à l’encontre de ses membres et de ses sympathisants. Douze dirigeants, représentants élus et membres du Candlelight Party sont actuellement détenus. En outre, en mars 2023, l’ancien président du PSNC, Kem Sokha, a été reconnu coupable de « trahison » pour des motifs politiques, condamné à 27 ans de prison et assigné à résidence, au lieu d’être incarcéré dans le système pénitentiaire. Il lui est interdit de communiquer avec qui que ce soit en dehors de sa famille proche sans l’autorisation du tribunal.

La FIDH appelle les membres de la communauté internationale à réévaluer leur coopération directe avec le gouvernement cambodgien et à renforcer le soutien et la protection de la société civile dans le pays.

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