Bangladesh : mettre fin à la torture et garantir la justice pour les victimes

27/06/2022
Déclaration
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STR / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Manille, Dhaka, Genève, Paris, le 26 juin 2022. À l’occasion de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, la Asian Federation Against Involuntary Disappearances (AFAD), la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), Maayer Daak, Odhikar et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) demandent au gouvernement du Bangladesh doit mettre un terme à la torture et autres violations rampantes des droits humains. Le gouvernement doit cesser de persécuter les défenseur·es des droits humains qui dénoncent ces abus, ainsi que leurs familles.

Au Bangladesh, les abus des droits humains, commis par les agences chargées de l’application de la loi et par les forces de sécurité, restent généralisés et systématiques, y compris les actes de torture, les disparitions forcées, les exécutions extrajudiciaires et d’autres formes de traitements dégradants. Les membres de ces forces n’ont presque jamais été tenu·es responsables de ces violations, et jouissent au contraire d’impunité et de la connaissance implicite du gouvernement au sujet de leur rôle dans la suppression des opposant·es politiques, des personnes critiquant le gouvernement et des dissident·es. La force d’élite Rapid Action Battalion (RAB) est particulièrement connue pour ces abus généralisés.

La torture, physique et psychologique, est devenue une pratique institutionnalisée au Bangladesh. Elle est utilisée pour obtenir des aveux, qui, malgré leur absence de fiabilité, constituent souvent la principale ou l’unique preuve utilisée pour poursuivre les accusé·es. La torture précède souvent d’autres formes de violations des droits humains, comme les détentions arbitraires et les disparitions forcées, qui ont lieu à une fréquence alarmante contre les opposant·es politiques et les voix dissidentes au Bangladesh. Les victimes de torture et d’autres formes de mauvais traitements dégradants subissent du harcèlement et des actes d’intimidation après avoir porté plainte contre les responsables, et sont également menacées voire forcées de retirer leurs plantes. Des allégations ont également été formulées à l’encontre de la police, qui aurait souvent exercé une influence sur les rapports d’examen médical afin de supprimer les preuves de torture.

Selon Odhikar, au moins 90 personnes ont été torturées à mort au Bangladesh entre novembre 2013 et mai 2022, en dépit de la promulgation en 2013 de la loi du 24 octobre 2013 relative à l’interdiction de la torture et de la mort en détention, qui criminalise tout acte de torture, et malgré la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (CAT) en 1998. Le tout premier verdict rendu au titre de la loi de 2013 dans le pays a été prononcé en septembre 2020, lorsqu’un tribunal de session de Dhaka a condamné trois membres de la police à la prison à perpétuité et deux informateurs de police à sept ans de prison pour la torture et la mort d’un homme de 28 ans, Ishtiaque Ahmed Jony, en février 2014. Deux des condamnés ont pris la fuite et un autre a quitté le pays après le verdict. Les membres de la famille de la victime réclament toujours justice et réparation, et demandent l’arrestation des personnes en fuite.

Il est très préoccupant et regrettable que des actes de torture et des mauvais traitements soient constamment perpétrés au Bangladesh par des officier·es chargé·es de l’application des lois, malgré les protestations des défenseur·es des droits humains et des familles de victimes, et malgré les actions menées par la communauté internationale contre le RAB.

Au lieu de s’attaquer à la torture et aux autres violations rampantes des droits humains, le gouvernement bangladais s’en prend systématiquement aux victimes et à leurs familles, ainsi qu’aux défenseur·es des droits humains qui prennent la parole contre ces abus et qui travaillent étroitement avec les organisations internationales de défense des droits humains et les mécanismes des Nations unies relatifs aux droits humains.

À l’occasion de la Journée internationale de soutien aux victimes de la torture, nos organisations rendent hommage aux victimes et expriment leur solidarité avec elles et leurs familles.

Nous demandons instamment aux autorités bangladaises de :
 mettre fin à la torture et aux autres violations ;
 assurer la sécurité des victimes et de leurs familles, et faire en sorte que les auteur·es de ces actes rendent des comptes ;
 cesser immédiatement les représailles à l’encontre des défenseur·es des droits humains et des victimes d’atteintes aux droits humains et de leurs familles ;

Les défenseur·es des droits humains doivent pouvoir mener à bien leurs activités légitimes dans un environnement sûr et favorable, sans avoir à subir de représailles, de menaces et intimidations par les autorités.

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  • Co-signataires

    La Fédération asiatique contre les disparitions forcées (AFAD) est une fédération d’organisations de défense des droits humains travaillant directement sur la question des disparitions forcées en Asie. L’AFAD a été fondée le 4 juin 1998 à Manille, aux Philippines, et a reçu en 2016 le prix Asia Democracy et le Human Rights Award conféré par la Fondation taïwanaise pour la démocratie. www.afad-online.org

    La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) est la plus ancienne organisation non gouvernementale de défense des droits humains au monde. Fondée en 1922, la FIDH fédère 192 organisations membres de 117 pays. Son mandat principal est de promouvoir le respect de tous les droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. www.fidh.org

    Maayer Daak est une plateforme de familles de victimes de disparitions forcées au Bangladesh dont l’objectif commun est de rechercher l’endroit où se trouvent leurs proches et de plaider pour la justice.

    Odhikar est une organisation de défense des droits humains au Bangladesh fondée le 10 octobre 1994 par un groupe de défenseur·es, afin de surveiller les violations des droits humains et d’y sensibiliser le public. Elle jouit d’un statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations unies. www.odhikar.org

    L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) est le plus grand groupe mondial d’ONG qui s’opposent activement à la torture et aux mauvais traitements. Elle protège les défenseur·es des droits humains dans le monde entier. Elle compte plus de 200 membres dans 90 pays. Son secrétariat international est basé à Genève, en Suisse.

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