C'est une victoire importante pour la quarantaine d'organisations qui forment la Coalition internationale pour mettre fin aux crimes contre l'humanité en Corée du Nord (ICNK) et se battent depuis 2011 pour l'ouverture d'une enquête internationale, en particulier sur le goulag nord-coréen, le "kwanliso", où seraient emprisonnés près de 200 000 personnes.
Jeudi 21 mars, les 47 Etats membres du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, à Genève, ont décidé, à l'initiative du Japon, de l'ouverture d'une commission d'enquête "comprenant trois membres, dont le rapporteur spécial [sur la situation des droits de l'homme en République démocratique populaire de Corée, Marzuki Darusman], avec deux autres membres désignés par le président du Conseil des droits de l'homme".
Selon la résolution adoptée par consensus, la commission d'enquête a reçu un mandat d'un an pour "enquêter sur les violations systématiques, répandues et graves des droits de l'homme en République démocratique populaire de Corée (...), dont la violation du droit à la nourriture, les violations dans les camps pénitentiaires, la torture et les traitements inhumains, la détention arbitraire, la discrimination, les violations de la liberté d'expression, du droit à la vie, de la liberté de mouvements et les disparitions forcées, y compris sous forme d'enlèvements de ressortissants d'autres Etats".
Le texte appelle également la Corée du Nord "à coopérer pleinement avec le rapporteur spécial et la commission d'enquête et à leur permettre, ainsi qu'à leur équipe, un accès sans restrictions pour visiter le pays, et à leur fournir toute l'information nécessaire pour leur permettre de remplir leurs mandats". L'objectif de la mission sera d'établir "pleinement la responsabilité" des exactions, "en particulier lorsque ces violations peuvent constituer des crimes contre l'humanité".
"LE MEILLEUR SYSTÈME AU MONDE"
Mais auparavant, l'ambassadeur nord-coréen auprès de l'ONU, M. Pyong Se So, a rejeté fermement toutes les allégations de violations des droits de l'homme. "Les abus des droits de l'homme" mentionnés dans la résolution "n'ont rien à voir" avec la Corée du Nord, a-t-il dit, soulignant que la population de son pays était "heureuse de disposer du meilleur système au monde".
Les organisations des droits de l'homme menaient une campagne en faveur de cette commission d'enquête depuis plusieurs mois, misant sur le changement, ce mois-ci, de la composition du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, avec le départ de la Chine, allié de Pyongyang, et aussi de la Russie et de Cuba.
Jeudi, David Knaute, le responsable de l'Asie pour la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), membre d'ICKN, a salué la décision du Conseil, jugeant que la commission avait un "poids juridique très fort". "C'est le signe qu'il existe une volonté de faire avancer les choses sur la question des atteintes aux droits de l'homme en Corée du Nord", a-t-il dit au Monde.
Les Nations unies ont renforcé les sanctions contre la Corée du Nord après le troisième essai nucléaire effectué en février. Depuis quelques semaines, la tension est montée sur la péninsule coréenne, Pyongyang ne cessant de menacer Washington et Séoul.
> Voir aussi : "Le goulag caché de la Corée du Nord"
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