TIAN’ANMEN, DIX ANS APRES : RENDRE JUSTICE AUX VICTIMES DE LA REPRESSION

04/06/1999
Communiqué

Il y a 10 ans, le 4 Juin 1989, le gouvernement chinois réprimait dans le sang des manifestants pacifiques et démocratiques, faisant plus de mille morts à travers toute la Chine. Des centaines d’étudiants étaient massacrés sur la place Tian’anmen

Depuis lors, les violations des droits de l’Homme en Chine restent massives et la position des autorités sur ces tragiques événements n’a pas évolué. Les manifestants du Printemps de Pékin de 1989 sont toujours considérés comme des " émeutiers " et des " contre-révolutionnaires criminels ". Ils sont toujours victimes de détentions arbitraires et certains d’entre eux croupissent dans les laogais, les " camps de réforme par le travail". On estime à quelques centaines le nombre de prisonniers toujours détenus, soit qu’ils aient directement participé au mouvement démocratique de 1989, soit qu’ils aient été incarcérés par la suite pour avoir tenté de commémorer le massacre.

Malgré cette répression, et devant le silence de la communauté internationale, les familles des victimes ont décidé de réagir. A l’image de ce jeune étudiant se dressant devant une colonne de chars d’assaut, dont la photographie a fait le tour du monde, elles demandent au gouvernement chinois l’ouverture d’une enquête criminelle sur les événements du mois de juin 1989. Il s’agit, comme les y autorise la législation chinoise, de déterminer les responsabilités dans ce massacre et d’engager des poursuites contre les auteurs de la répression. Cette initiative, lancée avec le soutien de l’organisation partenaire de la FIDH pour la Chine, Human Rights in China, répond à l’exigence fondamentale de justice pour les victimes.

Pour sa part, l’Union européenne a refusé de soutenir, lors de la 55ème session de la Commission des droits de l’Homme de l’ONU, une résolution condamnant la Chine. Elle continue de prôner " le dialogue constructif " bien que celui-ci ait largement fait la preuve de ses limites et de son hypocrisie.

A l’occasion de la commémoration du massacre de Tian’anmen, l’Union européenne doit fermement s’engager en faveur de l’établissement de la démocratie en Chine. La FIDH demande à ses instances de soutenir officiellement l’initiative des familles des victimes de la répression ; à prendre toutes les mesures en son pouvoir pour s’assurer que ces personnes ne seront pas prises pour cible par le gouvernement chinois et à faire tout ce qui est en son pouvoir pour obtenir la libération des personnes toujours emprisonnées pour leur rôle dans les événements de 1989. A la veille des élections européennes, le 13 juin, elle demande aux candidats députés de s’engager solennellement à ne pas sacrifier les principes de liberté, fondateurs de l’Union européenne, et les victimes de la répression, sur l’autel des contrats économiques juteux et de la conquête du marché chinois.

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