8 mars 2023 – À l’occasion de la Journée internationale pour les droits des femmes, 25 organisations appellent le gouvernement chinois à libérer Cao Zhixin (曹芷馨), rédactrice, Li Siqi (李思琪), écrivaine, Li Yuanjing (李元婧), comptable, et Zhai Dengrui (翟登蕊), professeure, et à abandonner toutes les charges retenues contre elles. Ces quatre femmes ont été arrêtées par la police de Pékin pour avoir participé à une veillée le 27 novembre 2022. Nous appelons également les autorités chinoises à libérer toutes les autres personnes, dont de nombreuses femmes, arrêtées en Chine pour avoir exercé leur droit à liberté d’expression en brandissant des feuilles blanches au cours des manifestations de novembre et décembre, à abandonner toutes les charges retenues contre elles, et à ne plus réprimer les personnes s’exprimant sur la pandémie de Covid-19.
Le 27 novembre, Cao Zhixin, Li Siqi, Li Yuanjing, Zhai Dengrui ainsi que des dizaines d’autres Pékinois·es se sont rassemblé·es sur les rives du fleuve Liangma pour rendre hommage aux victimes d’un incendie à Urumqi dans la région ouïghoure survenu trois jours auparavant. La veillée s’est transformée en manifestation de mécontentement général contre le parti communiste chinois et contre la politique gouvernementale « zéro-Covid » en particulier. Ce même week-end, des manifestations similaires ont été organisées dans au moins 31 villes à travers le pays. Deux jours plus tard, le 29 novembre, la police de Pékin a interpellé plusieurs manifestant·es, dont ces quatre femmes, pour les interroger et confisquer leurs téléphones et autres appareils, avant de les relâcher.
Le 18 décembre, Li Siqi et Li Yuanjing ont été interpellées de nouveau par la police du district de Chaoyang à Pékin et détenues sous le coup de poursuites pénales. Zhai Dengrui et Cao Zhixin ont subi le même sort, les 22 et 23 décembre respectivement. D’autres personnes ont été arrêtées dans les mêmes conditions avant d’être libérées sous caution. Dans une vidéo enregistrée par Cao Zhixin au début de cette vague d’arrestation et diffusée par des personnes de confiance le 16 janvier 2023, après son arrestation, la jeune femme déclare que plusieurs de ses amies ont dû signer des procès-verbaux vierges sans qu’aucune charge ne soit spécifiée. À propos de leur participation à la manifestation, elle a souligné : « Nous nous intéressons à la société dans laquelle nous vivons. Nous n’avons fait que nous exprimer en tant que citoyens. »
Le 19 janvier 2023, les quatre femmes, détenues au centre de détention du district de Chaoyang à Pékin, ont été inculpées pour « provocation et troubles à l’ordre public ». Le lendemain, l’avocat de Cao Zhixin a pu lui rendre visite pour la première fois. Tout porte à croire que Cao Zhixin, Li Siqi, Li Yuanjing et Zhai Dengrui ont été arrêtées et détenues en guise de représailles pour leur participation à la manifestation du 27 novembre et pour avoir eu recours à la messagerie Telegram, une application souvent utilisée pour l’organisation de manifestations. Elles risquent jusqu’à cinq ans de prison, voire dix ans si les infractions dont elles sont accusées sont qualifiées de graves.
Les quatre jeunes femmes, toutes âgées de 25 ans environ, n’ont aucun passé militant. Leurs proches les décrivent comment des féministes qui s’intéressent à ce qui se passe dans le monde, à la littérature et à la lutte contre les injustices sociales. Elles ont toutes un diplôme supérieur d’universités prestigieuses. Cao Zhixin travaillait comme rédactrice à la maison d’édition de l’Université de Pékin, un « travail de rêve », tandis que Li Siqi et Li Yuanjing avaient toutes les deux étudié à l’étranger et que Zhai Dengrui comptait envoyer sa candidature pour étudier en Norvège.
Le 17 février 2023, l’Union européenne a appelé le gouvernement chinois à libérer les quatre jeunes femmes, estimant que leur détention était contraire aux dispositions légales.
Selon le droit national et international, elles n’ont en effet commis aucun acte répréhensible. La Constitution chinoise est censée garantir le droit à la liberté d’expression et le droit d’exprimer librement des critiques contre les politiques gouvernementales. En inculpant Cao Zhixin, Li Siqi, Li Yuanjing et Zhai Dengrui, l’État chinois bafoue leurs droits à la liberté d’expression et à la liberté de rassemblement pacifique, des droits reconnus internationalement.
Les 25 organisations listées appellent le gouvernement chinois à libérer immédiatement et sans condition Cao Zhixin, Li Siqi, Li Yuanjing et Zhai Dengrui ainsi que toutes les autres personnes arrêtées pour avoir brandi des feuilles blanches à l’occasion des manifestations pacifiques, et de cesser de porter atteinte à la liberté d’expression au sujet de la pandémie de Covid-19.