Dialogue UE-Chine sur les droits de l’Homme : plus qu’un exercice frileux ?

23/09/2004
Communiqué
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Les 20 et 21 septembre a lieu le dialogue UE-Chine sur les droits de l’Homme. A cette occasion, la FIDH et HRIC désirent attirer l’attention des vingt-cinq Etats membres de l’UE sur les violations graves et continues des droits de l’Homme qui ont lieu en Chine.

"Bien qu’un amendement a été intégré à la Constitution chinoise en mars dernier concernant le respect et la protection des droits de l’Homme, la protection des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels doit être mise en place en pratique et dans les politiques nationales et locales. Les violations des droits de l’Homme sont légion en Chine", a déclaré Sidiki Kaba, Président de la FIDH. Il a ajouté : "Depuis la dernière session du dialogue, en février 2004, nous sommes particulièrement inquiets de la constante augmentation de la repression contre les manifestants venus à Beijing pour protester contre les injustices".

En amont de la 16ème session du Congrès National du Peuple, en mars 2004, plus de 3000 plaignants auraient été détenus au Shijingshan Gymnasium dans les faubourgs de Beijing avant d’être renvoyés chez eux. Ce mois-ci, la police a arrêté plus de 36 000 plaignants venus de toute la Chine. Plusieurs plaignants arrêtés ont subi des mauvais traitements en détention. Les plaignants ont ensuite été transférés dans les sous-sols du Shijingshan Gymnasium, où des forces de police de leur localité d’origine sont venues les chercher et les ont forcés à rentrer chez eux.

"Le nombre de plaintes introduites auprès du gouvernement central est en augmentation. Ces plaintes ont pour but de dénoncer la corruption et l’impunité des autorités locales, protester contre les salaires impayés, les démolitions forcées de maisons et les ventes illégales de terrains agricoles", a déclaré Sharon Hom, Directrice Exécutive de HRIC. "Répondre aux plaintes relatives aux violations des droits de l’Homme par une violente répression est une violation supplémentaire des droits des Chinois", a-t-elle ajouté.

Les libérations de prisonniers politiques emblématiques ont régulièrement lieu à la veille de dialogues bilatéraux et multilatéraux et de réunions afin de montrer les progrès dans le domaine des droits de l’Homme. Cependant, en parallèle des arrestations pour motif politique continuent. Les victimes sont notamment les cyber-dissidents, les membres de groupes religieux non autorisés, pratiquants du Falungong et leaders ouvriers.

Au Xinjiang, la lutte contre le terrorisme est instrumentalisée pour réprimer la minorité Ouïghour puisque le gouvernement chinois ne fait pas de distinction entre les actions violentes et non-violentes. Selon Amnesty International, plus de 50 personnes ont été condamnées à mort pour activités "séparatistes et terroristes" pendant les huit premiers mois de cette année au Xinjiang. Aucune information n’est disponible sur les circonstances de leur procès ou leurs conditions de détention. Nos organisations rappellent qu’en Chine, la peine de mort est prononcée la plupart du temps après des procès injustes ou sommaires sans les protections d’un procès équitable.

Enfin, le Rapporteur Spécial des Nations unies sur la torture devait se rendre en Chine en juin dernier, après que le gouvernement chinois ait finalement accepté les termes de référence de cette visite, en attente depuis 1995. Le report de cette visite, annoncé par le gouvernement chinois quelques jours avant la date prévue pour la visite, a soulevé de sérieuses questions concernant la sincérité de l’engagement du gouvernement chinois à coopérer sur le plan international.

La FIDH et HRIC appellent les vingt-cinq Etats membres de l’UE à s’assurer que toutes ces questions seront débattues à la prochaine session du dialogue sur les droits de l’Homme. Ils réitèrent également leur absolue conviction que le dialogue doit être soutenu par une pression diplomatique et politique appropriée, à tous niveaux, y compris au sein des organes de l’ONU. "Si l’UE ne prend pas cet élément en compte, le dialogue sur les droits de l’Homme risque d’être un exercice frileux et vain", a conclu Sidiki Kaba, de la FIDH.

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