Nouveau durcissement de la répression à l’encontre des militants des droits de l’Homme

12/03/1999
Communiqué

Dix ans après le Massacre du 4 juin 1989, la répression à l’encontre des militants des droits de l’Homme et de la démocratie connaît un nouveau durcissement. Human Rights in China (HRIC) et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) appellent l’Union européenne à mettre en oeuvre la résolution du Parlement européen adoptée aujourd’hui même et qui recommande à l’Union de "faire de la Chine une priorité" et "de déposer une résolution sur les droits de l’Homme dans ce pays"* lors de la prochaine session de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU.

HRIC et la FIDH appelle l’Union européenne à parrainer une résolution qui engage la Chine à prendre des mesures concrètes pour améliorer l’état des droits de l’Homme et à agir en conformité avec les deux Pactes qu’elle vient de signer (Pacte international relatif aux droits civils et politiques, Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturel). En outre, l’Union européenne doit impérativement solliciter l’appui des membres de la Commission pour favoriser l’adoption de cette résolution.

Fin 1997, l’Union européenne choisit de remplacer le mécanisme de pression multilatérale via la Commission des Droits de l’Homme par un "dialogue bilatéral" à huis clos. Présenté comme une stratégie plus efficace pour améliorer la situation des droits de l’Homme en Chine, cette substitution est en réalité le résultat direct des efforts de la Chine pour passer au travers du crible onusien. Depuis 1997, en effet, la Chine a été rayée de l’ordre du jour de la Commission.

Les autorités de l’Union européenne ont indiqué à plusieurs reprises que la décision de ne pas parrainer de résolution sur la Chine serait revue chaque année en tenant compte de l’évolution de la situation des droits de l’Homme : "Que nous parrainions ou non une résolution lors de la Commission des droits de l’Homme l’année prochaine sera fonction de l’attitude de la Chine montrant qu’elle est disposée à s’engager dans le dialogue en toute bonne foi et en vue de résultats concrets", déclarait ainsi le ministre britannique des affaires étrangères, Robin Cook, avant la Commission de 1998. "La répression actuelle a atteint des proportions inégalées depuis dix ans. L’Union européenne se doit de réagir. Son silence aurait valeur de trahison : il est grand temps d’évaluer l’état des droits de l’Homme en Chine à la lumière des derniers événements", indique Xiao Qiang, directeur de HRIC, deux semaines avant que l’Union européenne annonce sa position définitive lors du conseil des ministres du 22 mars.

"L’Europe doit définir une politique commune, c’est un impératif. Mais une politique commune ne saurait s’établir sur la base du plus petit dénominateur commun. C’est, au contraire, l’occasion pour l’Union européenne de mettre ses principes en oeuvre", affirme Antoine Bernard, directeur de la FIDH. Le refus de parainner une résolution sur la Chine jetterait le discrédit sur la politique européenne en matière de droits de l’Homme. Ce serait le signe que l’Union manie ses principes de façon partiale, les invoquant lorsque l’Etat concerné est de moindre importance, les oubliant dans le cas des grandes puissances. "Nous courons le risque de voir l’Union européenne appliquer deux poids deux mesures selon qu’elle traite avec les grandes puissances ou avec de petits pays" avertissait Hans van Mierlo, ministre néerlandais des affaires étrangères pendant la Commission de 1997. En outre, la poursuite de cette politique à géométrie variable porterait un nouveau coup à l’image et à l’intégrité de la Commission des Droits de l’Homme.

En 1989, c’est le Massacre de Tian’Anmen qui avait incité l’Union européenne à condamner la Chine devant la Commission. Dix ans ont passé. Les Etats membres de l’Union européenne doivent s’exprimer d’une seule voix dans une résolution devant la Commission pour condamner les violations massives et flagrantes des droits de l’Homme en Chine et appeler le gouvernement chinois à coopérer pleinement avec le système international de protection des droits de l’Homme.

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