Le prix décerné au Vénérable moine a eu lieu alors que des violations sévères et systématiques des droits à la terre et au logement se passent, tandis que ceux qui défendent ces droits et d’autres droits sont intimidés, arrêtés, et traités comme des criminels par les autorités cambodgiennes.
Depuis 1993, plus de deux millions d’hectares de terrain au Cambodge ont été donnés à des compagnies privées sous forme de concessions foncières. La plupart de ces concessions ont conduit à de nombreuses d’expulsions forcées, affectant des centaines de milliers de Cambodgiens. Le Vénérable Loun Sovath utilise de nombreux média (notamment la vidéo) pour documenter les expulsions forcées et les manifestations pacifiques des militants des droits à la terre et au logement. Il a été plusieurs fois détenu, menacé d’être défroqué par les autorités, et expulsé de son monastère. Il a reçu des menaces par téléphone, notamment des menaces de mort. Le 24 mai 2012, il a été arrêté devant le tribunal de Phnom Penh pour avoir manifesté en soutien aux 13 militantes en procès dans l’affaire du Boeung Kak Lake. Les autorités ont essayé de le forcer à signer un document établissant son renoncement à toute activité de défense des droits de l’Homme. Il a refusé et a été libéré peu après.
Un court documentairesur son travail a été produit à partir de séquences vidéos fournies par LICADHO.
La remise de ce prix intervient peu après la condamnation excessive du journaliste Cambodgien Mam Sonando, propriétaire de la radio indépendant Beehive, et critique éminent du gouvernement. Le 1er octobre, le tribunal municipal de Phnom Penh a jugé Mam Sonando coupable d’insurrection et d’incitation de la population à prendre les armes contre l’Etat d’après six articles du Code Pénal, et condamné à 20 ans de prison et à une amende de 10 millions de riels. Ces charges infondées sont le résultat d’accusations de la part du gouvernement le tenant responsable d’avoir influencé les villageois vivant dans la zone agricole de la province de Kratie impliqués dans un contentieux de terre avec une compagnie étrangère, laquelle avait reçu 15 000 hectare de concession foncière.
« Le prix Martin Ennals met en évidence l’intimidation accrue et continue des activistes des droits de l’Homme ainsi que l’accaparement des terres aux Cambodge. Ce prix ne reconnaît pas seulement le travail du Vénérable Loun Sovath, mais aussi celui de nombreux Cambodgiens qui ont décidé de lutter pour la protection de leurs droits à la terre et au logement. Nous appelons le gouvernement cambodgien à cesser tout harcèlement des militants pour les droits à la terre et au logement et tout défenseur des droits de l’Homme. Le gouvernement cambodgien doit prendre toutes les mesures nécessaires pour la protection des droits fondamentaux de liberté d’expression et de rassemblement pacifique, garantis par la Constitution du Cambodge et par le droit international », a dit Madame Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.
« Le bilan du Cambodge en matière des droits de l’Homme doit être sérieusement examiné dans le cadre de la candidature du pays pour un siège non-permanent au Conseil de Sécurité ce mois-ci », a ajouté Madame Belhassen.
Créé en 1993 afin d’honorer et de protéger les individus qui montrent un courage exceptionnel dans la défense et la promotion des droits de l’Homme, le prix Martin Ennals est une collaboration unique entre 10 des plus éminentes organisations de protection des droits de l’Homme. Le jury est composé d’Amnesty International, Diakonia, Frontline Defenders, Human Rights First, Human Rights Watch, HURIDOCS, International Commission of Jurists, la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH), International Service for Human Rights, l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT).
Pour voir les lauréats et mécènes précédents du prix Martin Ennals : www.martinennalsaward.org
La note de plaidoyer de la FIDH sur le Cambodge de juillet 2012 : « Cambodia : A Mounting Human Rights Crisis »
Contact FIDH : presse@fidh.org