Libération des opposants politiques, une stratégie d’apaisement de l’opinion publique ?

24/07/2001
Rapport

En Birmanie, si l’on en croit les libérations régulières de prisonniers politiques depuis quelques mois, la répression exercée par la junte contre les démocrates et les défenseurs des droits de l’homme semble faiblir.

La FIDH estime que ces libérations ne doivent pas masquer la réalité d’un régime illégal et illégitime, qui constitue aujourd’hui l’une des dictatures les plus répressives au monde. Tout laisse à croire qu’il ne s’agit là que du jeu stratégique d’une junte, habituée à souffler le chaud et le froid, pour amadouer l’opinion publique internationale.

De fait :
 Près de 1800 nombreux prisonniers politiques demeurent dans les geôles ; Mme Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, et deux autres leaders de la Ligue Nationale pour la Démocratie, Aung Shwe, et Tin Oo (La LND avait remporté les élections de 1990) sont en résidence surveillée.
 Malgré les promesses de la junte à l’O.I.T de mettre fin au travail forcé, les réquisitions de travailleurs se poursuivent à grande échelle, notamment dans les états Karen et Môn.
 De façon générale, les violations des droits de l’Homme, qu’il s’agisse des droits civils et politiques ou des droits économiques, sociaux et culturels, se multiplient sur tout le territoire.
 Enfin, alors que 13 millions de Birmans survivent au dessous du seuil de pauvreté, que 2,4 % du PIB est consacré à l’éducation et 0,2 % à la santé, la junte birmane a opté pour le renforcement de sa puissance militaire :
elle est sur le point d’acheter des avions de combats, dix chasseurs MiG-29s à la Russie.. Coût de l’opération : 130 millions US$. Coïncidence ou non, cet achat survient au moment du premier versement, par la Thaïlande, de 100 millions de US$ pour la livraison de gaz naturel birman de Yadana exploité notamment par TotalFinaElf.

Même si la libération des dissidents est le fruit des discussions entre les militaires et Mme Aung San Suu Kyi, rien dans l’attitude de la junte ne laisse entrevoir une volonté réelle et crédible de démocratiser le régime et de rendre le pouvoir aux représentants du peuple légalement élus.

La FIDH appelle à la communauté internationale à ne pas relâcher sa vigilance et ses pressions sur la junte birmane afin que soit rétabli, à terme, un véritable Etat de droit.

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