Les réformes annoncées ne trompent personne

05/09/2003
Rapport

Arrêtée lors de l’attaque meurtrière de son convoi et détenue dans un lieu secret depuis le 30 mai 2003 par la junte birmane, Madame Aung San suu Kyi, leader des démocrates birmans, aurait entamé une grève de la faim selon le secrétariat d’Etat Américain.

Le Prix Nobel de la Paix proteste ainsi contre sa détention et révèle sa détermination à mettre en difficulté un régime dictatorial qui, pour la énième fois, vient d’annoncer un plan de démocratisation de la Birmanie.

Le SPDC, par la voix de Khin Nyunt récemment nommé Premier Ministre, a annoncé ce 30 août un plan gouvernemental soi-disant destiné à conduire le pays vers la démocratie. Cette feuille de route prévoit l’adoption d’une nouvelle Constitution et l’organisation d’élections, mesures déjà promises par la junte lors de son coup d’Etat du 18 septembre 1988 et suivies dans les faits par le durcissement de la répression. De plus ces mesures seraient prises par la Convention Nationale, déjà rejetée par l’opposition pro-démocratique (après avoir refusé au Parlement élu de se réunir, les militaires birmans avaient monté de toutes pièces une Convention toute à leur avantage, à laquelle les démocrates s’étaient joints dans un premier temps avant de la dénoncer).

Daniel Aung, ancien membre de cette Convention et membre influent de l’opposition en exil, le précise : " Le fait de convoquer à nouveau la Convention Nationale illégitime, démontre clairement que la junte n’a aucune volonté politique de mener à bien une vraie réforme politique ainsi qu’une réconciliation nationale par le dialogue. C’est pourquoi, nous invitons le mouvement démocrate birman et la communauté internationale à intensifier leurs actions concertées et coordonnées pour la libération de Aung San Suu Kyi et de tous les prisonniers politiques ; mais aussi à encourager un plan de démocratisation de la Birmanie immédiat élaboré à l’aide des Nations-Unies et soutenu internationalement. "

Il est en effet à noter que le sort d’Aung San Suu Kyi n’est pas évoqué dans la déclaration du nouveau Premier Ministre, alors que sa libération est la première exigence de la communauté internationale.

Les centaines de militants de son parti, la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND), arrêtés le 30 mai dernier sont toujours détenus et les bureaux de la LND ne sont pas autorisés à rouvrir. Dans ces conditions, les mesures annoncées ne trompent personne. Elles visent uniquement à obtenir un relâchement de la pression internationale.

Au regard de cette situation, nos organisations réitèrent leur appel aux autorités birmanes à libérer immédiatement et sans conditions Aung San Suu Kyi et les membres de son parti. A l’instar des démocrates birmans, elles demandent au Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, de mettre la Birmanie à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.

Elles appellent la communauté internationale à maintenir et renforcer la pression, y compris économique, sur la junte birmane en vue de l’instauration d’un Etat de droit. D’ores et déjà, le Japon a gelé son aide financière et les Etats-Unis ont rendu effectives les sanctions économiques approuvées par G.W Bush il y a un mois.

Nos organisations réitèrent leur appel au retrait de tous les investissements français en Birmanie et au boycott du tourisme en Birmanie demandé expressément par les démocrates birmans et demande à la compagnie pétrolière Total, qualifiée de " premier soutien de la junte " par Aung San Suu Kyi, de se retirer de Birmanie.

Nous invitons l’Union européenne à continuer d’exiger avec la plus grande fermeté la libération d’Aung San Suu Kyi, et le gouvernement français à se désolidariser de la compagnie TOTAL et à mettre en garde les touristes français se rendant en Birmanie du soutien implicite à la junte que représentent leurs devises.

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