Le Conseil de sécurité des Nations unies doit agir face à la violence croissante à l’encontre de la population civile en Birmanie

18/05/2006
Communiqué

La FIDH, Info Birmanie et la LDH estiment qu’il est urgent que le Conseil de sécurité agisse en Birmanie.

Selon différentes sources locales, les attaques répétées de l’armée birmane depuis novembre 2005 auraient obligé plus de 11 000 civils, appartenant à la minorité ethnique karen, à fuir leurs villages. Cherchant à atteindre les camps de réfugiés en Thaïlande, ces derniers risquent leur vie en traversant des champs de mines. Ceux qui n’ont pas réussi à atteindre la frontière seraient contraints de vivre dans la jungle, sans abri ni nourriture et dans la peur constante d’une attaque surprise.

De telles offensives ne sont pas singulières, cependant l’ampleur prise par celles qui se déroulent actuellement atteint des proportions inégalées depuis 1997. La semaine dernière, plus de mille villageois karen auraient franchi la frontière au nord de la Thaïlande dans la province de Mae Hong Son, suite à des attaques menées par des unités de l’armée birmane.

Le conflit entre les troupes de l’armée birmane et la guérilla karen dure depuis plusieurs décennies. Ce sont avant tout les populations civiles qui en subissent les conséquences et c’est pourquoi beaucoup ont été contraints de s’exiler en Thaïlande. On dénombre ainsi environ un million de réfugiés birmans vivant sur la frontière thaïlando-birmane, côté thaïlandais. Plusieurs accords de cessez-le-feu ont été signés entre les deux parties au conflit, sans que la junte militaire birmane ne s’acquitte de ses engagements. Cette dernière ne cesse de multiplier les violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire : viol, pillage des récoltes et réquisition de main d’œuvre pour accomplir les tâches des troupes armées sont fréquents. Par ailleurs, la pratique de la terre brûlée est courante, et il ne reste généralement d’un village, après le passage d’une troupe, que quelques troncs calcinés.

Ces crimes constituent des violations des Conventions de Genève et peuvent être qualifiés de crimes de guerre. La junte, qui dénie toutes les accusations formulées à son encontre, accuse les groupes rebelles karen d’être à l’origine des instabilités dans la région. Récemment, on pouvait lire dans les colonnes du journal officiel The New Light of Myanmar : « Des terroristes insurgés sont en train de commettre au travers de divers moyens des actes de destruction dans le but de miner la stabilité de l’Etat. » Ce type d’accusation est utilisé par la junte pour légitimer son maintien au pouvoir, en se posant comme garant de la stabilité et de l’unité nationale face à la diversité identitaire des différentes ethnies qui composent le pays. L’offensive qui a lieu actuellement touche d’autres minorités ethniques ; des réfugiés de l’Etat shan et de l’Etat karenni ont également cherché à rejoindre la Thaïlande.

Ces événements nous incitent à renforcer les appels croissants à une action du Conseil de sécurité des Nations unies en Birmanie. La FIDH, Info Birmanie et la LDH demandent aux membres du Conseil de sécurité d’inscrire la situation en Birmanie à leur ordre du jour, en application de leur résolution du 28 avril 2006 sur la « Protection des civils dans les conflits armés ». Cette dernière affirme que tous les membres des Nations unies ont la responsabilité de protéger les populations civiles contre les génocides, crimes de guerre, nettoyages ethniques ou crimes contre l’humanité quand leur gouvernement ne peut plus leur garantir cette protection.

La communauté internationale ne peut pas rester silencieuse face à cette violence à l’encontre de la population civile. Plusieurs parlementaires du monde entier ont déjà rejoint les appels lancés au Conseil de sécurité. Il est à ce jour plus important que jamais que le Conseil de sécurité intervienne pour mettre un terme aux violations.

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