"L’action du Conseil de sécurité est cruciale et urgente"

19/06/2006
Communiqué
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A l’occasion de l’anniversaire de Aung San Suu Kyi, une lettre ouverte de la FIDH appelant à une résolution sur la Birmanie-Myanmar, a été envoyée aux membres du Conseil de Sécurité et au Secrétaire Général des Nations Unies

Ce lundi 19 juin 2006, la Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi, leader du parti démocratiquement élu la Ligue Nationale pour la Démocratie (« National League for Democracy », NLD), et qui a passé dix des dix-huit dernières années en détention, célèbre ses 61 ans, seule, depuis sa maison de détention. Elle est l’expression vivante de la nature répressive et dictatoriale du gouvernement Birman, dirigé par le « State Peace and Development Council », ou SPDC.

Sidiki Kaba, Président de la FIDH, explique : « En ce jour symbolique, la FIDH souhaite rappeler les raisons pour lesquelles une action du Conseil de Sécurité sur la situation en Birmanie est non seulement cruciale, mais aussi urgente. » En réponse aux préoccupations des membres du Conseil qui ne considèrent pas la situation en Birmanie comme tombant sous leur mandat, la FIDH développe en quoi une action se justifie, et à de multiples degrés.


Le renforcement de la dictature militaire et une crise humanitaire galopante

Depuis décembre 2005, la junte militaire birmane a, de façon systématique, intensifiée ses attaques contre les populations civiles, en grande partie contre la minorité Karen à l’Est de la Birmanie. Les incendies de centaines de villages, les meurtres, actes de torture et viols systématiques, ont forcé au moins 16,000 hommes, femmes et enfants à fuir leurs domiciles pour se cacher dans les jungles, survivant dans des conditions de vies extrêmement précaires. Des milliers ont cherché refuge en Thaïlande ces derniers mois, et s’ajoutent au million qui a déjà été contraint de quitter le pays face à l’agression des militaires. (Voir les récents rapports du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés disponibles sur : http://www.unhcr.org/cgi-bin/texis/vtx/news/opendoc.htm?tbl=NEWS&id=4472ded14)
Le régime Birman ayant interdit à plusieurs organisations humanitaires, comme Médecins Sans Frontières, l’accès à certains sites, la situation ne fait hélas que s’aggraver.
Par ailleurs, le SPDC a renforcé sa répression politique, en particulier contre les membres du NLD, menacés de ne plus pouvoir tenir de conférences de presse. La junte Birmane n’a écroué pas moins de 1156 prisonniers politiques ces dix-huit dernières années, dont 392 représentants du parti du NLD. Ces douze derniers mois, dix prisonniers politiques sont morts en prison.

Alors que le gouvernement avait annoncé la libération de Aung San Suu Kyi pour le mois dernier, sa détention a été ajournée d’un an, et ce malgré les espoirs qu’avait suscitée la visite de Mr. Gambari, Sous-secrétaire des Nations Unies pour les Affaires Politiques, en Birmanie le mois dernier et son entretien avec Aung San Suu Kyi.

A moins qu’une action internationale ne soit engagée, rien ne laisse à croire que les violations graves des droits fondamentaux des Birmans ne cesseront dans un futur proche.

Une pression internationale par les membres du Conseil de Sécurité se justifie à de nombreux niveaux
Malgré les vingt-neuf résolutions adoptées par l’Assemblée Générale et la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies sur la situation en Birmanie, appelant à la réconciliation nationale et à la fin des violations systématiques, la situation n’a fait que se consolider en faveur de la junte militaire et aux détriments des civils. Ceci en toute impunité, et dans l’indifférence du monde extérieur.

Il est clair qu’aujourd’hui, seule une pression par l’organe le plus éminent des Nations Unies, le Conseil de Sécurité, peut laisser espérer un changement. Et l’on peut distinguer au moins trois volets d’argumentation justifiant l’adoption d’une résolution contraignante.

(Pour en savoir plus, voir la Note d’information)

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