Les disparitions forcées sont utilisées pour faire taire toute critique à l’encontre du gouvernement, créant ainsi un climat de peur. Les opposant·es politiques et les voix dissidentes critiques du gouvernement ont souvent été les victimes de ces crimes.
Les victimes sont privées de plusieurs de leurs droits fondamentaux, notamment du droit de ne pas être soumis à la torture ou à tout autre traitement ou châtiment cruel, inhumain ou dégradant, ainsi que du droit à un jugement équitable. Les autorités responsables du maintien de l’ordre, et plus particulièrement le Bataillon d’action rapide (RAB) et le Service des enquêtes de la police sont responsables de la perpétration de la plupart des cas de disparition forcée. Dans de récents reportages, les médias ont révélé que les victimes étaient retenues dans des centres de détention secrets gérés par les services de renseignements du Bangladesh.
En mars 2022, les experts onusiens des droits humains, dont le Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires, ont prié le gouvernement du Bangladesh de fournir des renseignements sur les disparitions forcées, et ont fait part de leurs préoccupations concernant l’intimidation et le harcèlement dont sont victimes les familles des personnes disparues. Toutefois, à ce jour, le gouvernement n’a toujours pas fourni suffisamment d’information sur ces disparitions, et n’a pas non plus répondu à la demande de visite officielle dans le pays du Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires, qui date du 12 mars 2013. Ces manquements équivalent à un refus de coopération avec les mécanismes de droits humains des Nations unies.
Du 14 au 22 août 2022, la Haute-Commissaire des Nations unies pour les droits humains, Michelle Bachelet, s’est rendue au Bangladesh en visite officielle. Dans une déclaration prononcée à l’issue de sa visite, elle a fait part de sa « profonde inquiétude » quant aux graves allégations de violation des droits humains, dont des allégations alarmantes de disparition forcée. Elle a également exhorté le gouvernement du Bangladesh à reconnaître les cas de disparition forcée, de torture et d’exécution extrajudiciaire, et à créer un mécanisme indépendant et spécialisé qui sera chargé de mener des enquêtes à leur sujet en toute impartialité.
L’AFAD, la FIDH, Maayer Daak et Odhikar invitent instamment le gouvernement du Bangladesh à :
mettre fin à toutes les disparitions forcées et à renvoyer immédiatement toutes les personnes disparues dans leurs familles ;
créer un mécanisme indépendant chargé d’enquêter sur tous les cas de disparition forcée ;
s’abstenir de toutes formes de représailles à l’encontre des défenseur·es des droits humains, des membres des familles des personnes disparues et des militant·es de la société civile, et à garantir la sûreté et sécurité des victimes et de leurs familles ;
établir la responsabilité des auteurs de ces crimes ;
ratifier la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées ;
adopter et mettre en œuvre une législation nationale criminalisant les disparitions forcées conformément au droit international.