L’Accord sur la sécurité incendie et la securité des bâtiments au Bangladesh, un accord juridiquement contraignant créé à la suite de la catastrophe, a apporté quelques améliorations sur le terrain en matière de sécurité incendie, de sécurité des bâtiments et concernant les droits du travail. Cependant, de tels accidents demeurent un problème récurrent et les syndicats continuent à faire face à des obstacles pour s’enregistrer et exercer leurs activités. Plus particulièrement, le financement des plans d’actions correctives visant à améliorer la sécurité incendie et des bâtiments reste une question controversée. « L’Accord a changé les règles du jeu dans la chaîne d’approvisionnement mondiale de l’industrie textile mais son but ultime, à savoir empêcher un autre Rana Plaza et créer un travail décent et durable, sera atteint à la condition que les entreprises contribuent pleinement au fonds d’indemnisation », a déclaré Alke Boessiger, Responsable Commerce d’UNI Global Union. [1].
Aujourd’hui, les survivants de l’effondrement du Rana Plaza et les familles et les personnes à charge des ouvriers décédés sont toujours dans l’attente d’une indemnisation adéquate. Il manque encore 6 millions de dollars américains au Rana Plaza Donors Trust Fund, un fonds de compensation des victimes de la catastrophe créé en janvier 2014 par le Bureau International du Travail, pour permettre l’indemnisation adéquate de 5000 personnes reconnues bénéficiaires. « Depuis deux ans, la FIDH, Odhikar (l’organisation membre de la FIDH au Bangladesh) et le partenaire de longue date de la FIDH UNI Global Union, appellent les marques internationales et distributeurs mondiaux s’approvisionnant au Bangladesh à contribuer au fonds, qu’ils se soient approvisionné ou non dans les usines textiles du Rana Plaza. Les victimes ne doivent pas attendre plus longtemps pour être indemnisées de façon adéquate », a dit Karim Lahidji, Président de la FIDH. La FIDH encourage notamment le Groupe Carrefour à contribuer au fonds de compensation du Rana Plaza à l’instar de ses concurrents, dans le cadre de son travail mené avec le distributeur en vue de promouvoir le respect des droits humains dans ses chaînes d’approvisionnement.
« Il faut mener des enquêtes impartiales au sujet de toutes les catastrophes d’origine humaine qui ont eu lieu dans des usines au Bangladesh, et les victimes doivent pouvoir obtenir justice », a déclaré Adilur Rahman Khan, Secrétaire d’Odhikar. « Afin de prévenir de futures tragédies telles que le Rana Plaza, des syndicats indépendants doivent être autorisés à s’organiser librement et à représenter les intérêts des travailleurs. A ce jour, leurs activités demeurent largement restreintes ».
L’anniversaire du Rana Plaza est l’occasion de rappeler au monde entier que dans la grande majorité des cas de violations des droits humains commises par des entreprises, l’impunité ne cesse de prévaloir et que les victimes n’obtiennent pas justice.
Les efforts visant à remédier à ces lacunes en terme de responsabilité commencent à porter leurs fruits. En France et en Suisse, des réformes législatives portant sur une diligence raisonnable obligatoire en matière de droits humains font l’objet de débats. En Europe, la Coalition Européenne pour la Responsabilité Sociale et Environnementale des Entreprises (ECCJ), dont la FIDH est membre, demande à l’Union européenne de réformer de toute urgence son cadre législatif afin de se saisir de la question de la responsabilité des entreprises dans leurs chaînes d’approvisionnement. Aux Nations unies, un groupe de travail intergouvernemental se réunira pour la première fois en juillet 2015 pour lancer le processus d’élaboration d’un traité international réglementant les activités des sociétés transnationales et autres entreprises. Les gouvernements et les marques doivent agir maintenant et prendre toutes les mesures nécessaires aux niveaux national, régional et international.
Contexte
Le 24 Avril 2013, le bâtiment Rana Plaza au Bangladesh s’effondrait, faisant plus de 1130 morts et plus de 2000 blessés parmi les ouvriers du textile. Le bâtiment accueillait cinq usines de confection de prêt-à-porter qui fournissaient les grandes marques occidentales.
En mai 2013, la FIDH et son organisation membre au Bangladesh, Odhikar, ont soumis une requête au Groupe de travail des Nations unies sur les entreprises et les droits de l’homme afin qu’il se penche sur les conditions de travail et les droits du travail des ouvriers du secteur textile au Bangladesh.
Dans un Question-Réponse publié un an après la catastrophe du Rana Plaza, la FIDH a dénoncé l’absence de compensation adéquate et a regretté la lenteur des progrès réalisés sur le terrain concernant la santé et la sécurité et les droits humains des travailleurs.