Philippines : libérez la défenseure des droits humains Renalyn Tejero

Paris, Genève, 21 mars 2022. À l’occasion du premier anniversaire de la détention arbitraire de Renalyn Tejero, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains, partenariat de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), appelle à sa libération immédiate et inconditionnelle et demande aux autorités de mettre fin sans attendre aux actes de harcèlement contre les défenseur.e.s des droits humains aux Philippines.

Il y a un an, le 21 mars 2021, la défenseure des droits humains Renalyn Tejero a été arrêtée arbitrairement à Cagayan de Oro, dans la province du Misamis oriental. La police nationale et l’armée philippine qui l’ont arrêtée ont fait référence à un mandat d’arrêt délivré par une juridiction locale. Cependant, la jeune femme n’a jamais été citée à comparaître pour répondre des crimes dont elle est accusée, et elle n’a pas été autorisée à appeler son avocat. Elle a été détenue en secret pendant plus de six heures, avant que la police ne confirme qu’elle se trouvait au siège de la police régionale n° 13, au camp Colonel Rafael Rodriguez, dans la ville de Butuan, dans la province d’Agusan du Nord. Renalyn Tejero a par la suite été accusée à tort et inculpée pour « tentative de meurtre » et « meurtre ». Selon des sources locales, toutes les charges ont ensuite été abandonnées. Pourtant, Renalyn Tejero n’a toujours pas été libérée.

Avant son arrestation, Renalyn Tejero avait fait l’objet de red-tagging, une pratique qui consiste à stigmatiser des individus ou des groupes critiques envers le gouvernement en les qualifiant de « terroristes » ou de « communistes ». Depuis novembre 2020, la défenseure des droits humains était décrite comme telle et accusée d’être liée au groupe armé d’opposition Nouvelle Armée populaire dans des publications Facebook et des tracts distribués dans la province administrative de Caraga.

Loin d’être une terroriste, Renalyn Tejero travaille comme auxiliaire juridique chez Karapatan. Cette organisation, créée en 1995 et membre du réseau SOS-Torture de l’OMCT, regroupe des individus, des groupes et des organisations promouvant la défense des droits humains aux Philippines grâce à des actions de plaidoyer, d’éducation, de renforcement des capacités, de création de réseaux et de recherches. Les membres de Karapatan ont été victimes d’accusations criminelles forgées de toutes pièces, de détentions arbitraires, d’actes de stigmatisation et d’intimidation, et même d’exécutions extrajudiciaires.

L’Observatoire rappelle que depuis l’arrivée au pouvoir du président Duterte en juin 2016, les défenseur.e.s des droits humains font constamment l’objet de diffamation et de red-tagging, dans le but de discréditer leurs actions pacifiques et de réduire au silence toute voix critique, ce qui contribue à légitimer et à rendre acceptables les attaques à leur encontre.

L’Observatoire condamne fermement la détention arbitraire prolongée de Renalyn Tejero et demande instamment aux autorités philippines de garantir en toutes circonstances son intégrité physique et son bien-être psychologique, et de la libérer immédiatement et sans condition.

L’Observatoire appelle également les autorités à concéder à Renalyn Tejero des réparations adéquates pour cette injustice.

Enfin, l’Observatoire exprime à nouveau sa grande préoccupation concernant les actes de violence physique pouvant aller jusqu’au meurtre dont sont victimes les défenseur.e.s des droits humains aux Philippines, et il demande aux autorités d’adopter des mesures efficaces pour assurer leur protection.

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