Paris, Caracas, 6 août 2024. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et Provea dénoncent les fortes présomptions de fraude électorale dont le Venezuela fait actuellement l’objet. Des témoins de l’opposition et divers·es observateur·ices internationaux·les ont constaté que le candidat de l’opposition, Edmundo González Urrutia, l’emporterait avec 37 points d’avance d’après les résultats sauvegardés par les machines du CNE. Ce dernier l’a également en sa possession et l’a récupérée en salle de dépouillement.
L’annonce de la victoire de Nicolás Maduro, le refus par les autorités électorales de publier les scrutins, la ventilation des votes par centre et bureau de vote, et l’absence de processus d’audit, sont contraires aux principes démocratiques.
Avant et pendant les élections, Provea et d’autres organisations de défense des droits humains avaient dénoncé des tactiques et manœuvres destinées à modifier le résultat des élections.. Parmi elles, l’interdiction arbitraire et inconstitutionnelle de la participation de candidat·es au cours des mois précédents, l’entrave au droit de vote de quelque 4,5 millions de ressortissant·es vénézuélien·nes à l’étranger, la partialité des autorités électorales face aux attaques constantes qui visent le candidat de l’opposition, mais aussi la persécution des opposant·es et de la liberté d’expression, les fermetures illégales ou l’arrestation de civil·es pour avoir soutenu des actions de sensibilisation dans leur propriété ou sur leur lieu de travail, et le rejet de la mission d’observation électorale de l’Union européenne.
Arrestations, disparitions et assassinats dans un contexte de violence post-électorale
Suite à l’annonce du triomphe de Nicolás Maduro par le CNE le 29 juillet au matin, des milliers de personnes sont descendues dans les rues au cours de 915 manifestations spontanées dans le pays..
Le gouvernement a répondu par une répression brutale des manifestant·es, qui s’est soldée par la mort de 22 personnes et l’arrestation d’au moins 1 062 personnes, chiffre qui pourrait monter à 2 000 d’après les annonces de Maduro, qui a ajouté qu’« il n’y aura pas de pardon ». Des actes de persécution ont également été commis à l’encontre de l’opposition et des organisations de la société civile qui dénonçaient la fraude et les attaques contre les manifestant·es.
Ces actes de répression obéissent à des schémas systématiques de persécution perpétrés par les autorités vénézuéliennes par le passé. Lors des manifestations massives de 2017 et 2019, les forces de sécurité de l’État s’en sont pris à des civil·es, causant un grand nombre de décès, d’arrestations et de blessé·es. En décembre 2020, la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a ainsi conclu qu’il y avait de bonnes raisons de penser que des crimes contre l’humanité, notamment des détentions arbitraires, des actes de torture, des viols et/ou d’autres formes de violences sexuelles et de persécutions, avaient été commis au Venezuela par des autorités civiles, des membres des forces armées et des personnes agissant au nom du gouvernement.
La FIDH et Provea appellent instamment l’ensemble de la communauté internationale à exiger le respect des résultats électoraux du Venezuela, qui doivent être avérés par l’opposition démocratique, un contrôle international des scrutins, ainsi que la sauvegarde des droits fondamentaux et le respect des vies des personnes manifestant pacifiquement. De la même façon, nous alertons le procureur de la CPI, Karim Khan, sur ces nouveaux faits qui s’ajoutent à la politique de persécution et de répression du gouvernement vénézuélien, et qui devraient être pris en compte dans l’analyse de l’enquête en cours pour crimes contre l’humanité.
Le peuple vénézuélien, qui a subi les terribles conséquences du régime autoritaire de Nicolás Maduro, a le droit légitime d’élever la voix et de descendre dans la rue pour exiger la transparence de son propre système électoral et rétablir la démocratie. La FIDH et Provea espèrent que le Venezuela pourra entamer un processus de transition vers la démocratie dans la mémoire, la justice et la vérité.