Depuis 2002, les autorités de l’État ont développé une politique qui criminalise la défense et la revendication des Droits de l’Homme. Sur la base d’un discours de haine et de discrédit, par le biais des médias publics et officiels, l’intention est de dénigrer le travail des organisations et des personnes qui défendent les Droits de l’Homme, qui accompagnent les victimes et qui mènent des actions de nature humanitaire. Ces actes ont également conduit à la matérialisation d’actions violentes qui frappent le travail de défense, compromettent la vie et l’intégrité personnelle des individus touchés et entravent le travail effectué.
Au cours des cinq dernières années, l’existence présumée d’ennemis internes qui cherchent à déstabiliser la paix a été le cadre d’attaques contre le mouvement des Droits de l’Homme au Vénézuela, qui a été touché non seulement par la stigmatisation et les tentatives de délégitimer son travail par un discours de haine et de discrédit de la part des autorités de l’État, mais aussi par l’application d’une législation restrictive, par des actions en justice à son encontre, par des activités de surveillance et de contrôle, par des agressions, des attaques numériques, des persécutions, des perquisitions et détentions arbitraires, la criminalisation de la coopération, la confiscation de matériel, entre autres attaques, qui ont porté atteinte et entravé la défense des Droits de l’Homme.
La politique de répression et de contrôle a ouvert la voie aux abus d’autorité de la part des fonctionnaires, dont beaucoup sont de haut niveau, générant un environnement défavorable et hostile qui, dans le contexte d’une urgence humanitaire complexe, rend encore plus difficile pour les organisations de la société civile de mener à bien leur travail de manière légitime, et facilite l’hésitation des victimes à signaler et à demander de l’aide, en plus de les exposer à la violence et à l’insécurité qui existent dans le pays en raison des niveaux élevés de criminalité, d’insécurité et d’impunité.
Les organisations qui font la promotion et qui défendent le droit à la santé, à l’alimentation, et les personnes qui font un travail humanitaire, d’assistance médicale et les professionnels des soins infirmiers, ont fait l’objet au cours des deux dernières années de harcèlements et de représailles, de fouilles et de détentions arbitraires et d’agressions en raison des plaintes qu’elles déposent et des actions de soutien à la population vulnérable, car elles sont considérées comme des agents interventionnistes qui favorisent l’ingérence militaire.
La répression contre les syndicalistes et les travailleurs a également connu une recrudescence, ces derniers ayant fait l’objet de persécutions, d’emprisonnements, de menaces et d’agressions. De même, les défenseurs de l’environnement et les indigènes ont été victimes de harcèlement et de représailles pour avoir dénoncé les abus et les dommages causés par l’exploitation des ressources naturelles dans l’Arc Minier de l’Orénoque et dans d’autres régions du pays. Des organisations et des militants communautaires, des étudiants et des comités de victimes et de parents de victimes ont également été menacés pour avoir revendiqué des droits ou pour avoir dénoncé la violence et les abus dans leurs communautés et leurs espaces de développement.
Dans ce contexte, il est nécessaire que ceux d’entre nous qui défendent les Droits de l’Homme au Vénézuela puissent le faire dans des environnements propices et sûrs qui garantissent que nous puissions mener nos activités pacifiques et légitimes sans restrictions indues et sans crainte de harcèlement, de menaces ou de représailles.
C’est pourquoi nous demandons à l’État vénézuélien
1. De cesser immédiatement tout acte de criminalisation, d’intimidation, de harcèlement, de disqualification et d’agression, ainsi que de s’abstenir d’imposer des restrictions et des limitations arbitraires à la possibilité de s’associer et de se réunir librement.
2. De mettre en œuvre les mécanismes nécessaires pour assurer et garantir un environnement sûr et favorable à ceux qui défendent les Droits de l’Homme au Vénézuela, ainsi que la création de mécanismes efficaces pour la protection des défenseurs des Droits de l’Homme.
3. Prendre toutes les mesures nécessaires pour que les fonctionnaires de l’État et les autres personnalités publiques s’abstiennent de faire des déclarations stigmatisant le travail légitime des défenseurs des Droits de l’Homme
4. Réaliser les enquêtes nécessaires et punir les responsables d’agressions contre les défenseurs des Droits de l’Homme au Vénézuela, qu’ils soient étatiques ou paraétatiques.
5. Mettre en œuvre efficacement la Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et institutions de promouvoir et protéger les Droits de l’Homme et les libertés fondamentales universellement reconnus, connue sous le nom de Déclaration des Défenseurs, adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 9 décembre 1998.