FUJIMORI CONDAMNÉ POUR CRIMES INTERNATIONAUX

07/04/2009
Communiqué

Au nom des victimes de Barrios Altos et La Cantuta : JUSTICE est rendue

L’Asociación Pro Derechos Humanos (APRODEH) et la Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH), font part de leur satisfaction à l’isssue du jugement historique prononcé à l’unanimité par la Chambre Pénale de la Cour Suprême qui a condamné de façon exemplaire Alberto Fujimori à 25 ans de peine privative de liberté, pour avoir commandité les crimes commis dans les cas Barrios Altos, la Cantuta, et Sótanos del Servicio de Inteligencia del Ejército (SIE – sous-sols des services secrets de l’armée) (contre Gustavo Gorriti et Samuel Dyer).

Ceci représente une véritable victoire pour la justice péruvienne. Nous pensons que cette condamnation marque un pas important pour la justice universelle. En effet, elle reconnaît que les violations de droits de l’homme commises sous le gouvernement de Fujimori obéissaient à une politique anti-subersive de « guerre sale », menée en parallèle à la lutte officielle. A cette fin, l’ancien Président avait érigé un appareil organisé de pouvoir reposant sur les services secrets nationaux qu’il contrôlait par le biais de son conseiller Vladimiro Montesinos. A la tête de cette structure, il prenait les décisions.

Il a été démontré que la mise en oeuvre de cette stratégie anti-subersive, contraire aux droits de l’homme, était entre les mains d’un escadron de la mort, le groupe Colina, main armée de la structure de pouvoir dirigée par Fujimori. Au moins 50 crimes, commis entre 1991 et 1992, sont attribués à ce groupe.

La Chambre a établi que les cas examinés au cours de ce procès constituent des crimes internationaux (« crímenes de estado ») et, dans les cas Barrios Altos et la Cantuta, les assassinats sont constitutifs de crimes contre l’humanité.

Il a également été démontré qu’Alberto Fujimori dirigeait les forces armées, en sa qualité de commandant suprême des forces armées, et qu’il a approuvé les actions menées par Nicolas Hermoza Ríos et Vladimiro Montesinos Torres.

Pour la Chambre Pénale, les nombreuses preuves apportées par le bureau du Procureur attestent du fait que le Groupe Colina a participé à, au moins, 50 opérations d’intelligence et que, à fin d’assurer l’impunité des crimes commis par ce groupe, des lois d’amnistie ont été adoptées. Ceci témoigne de la tentative de dissimulation recherchée par Fujimori pour les auteurs de ces crimes, par le biais de différents mécanismes d’impunité, tels que la mise en place de tribunaux militaires, la loi d’amnistie, en plus des signes de reconnaissance et promotion des membres de cet escadron de la mort.

L’inlassable lutte des familles de victimes des cas Barrios Altos et la Cantuta, leur inébranlable force et volonté, ont été le moteur de ce processus entamé il y a 17 ans. Leurs efforts n’ont pas été vains et aujourd’hui, aux côtés de leurs avocats et des défenseurs des droits de l’homme qui les ont accompagnés avec un profond engagement durant tout ce temps, ils ont célébré ce triomphe de la justice. Celui-ci répond au besoin de reconnaissance et de mémoire pour leurs êtres chers. Il constitue aussi une affirmation des valeurs démocratiques, ainsi qu’un encouragement et un soutien au mouvement de droits de l’homme face aux défis auxquels ils doivent faire face.

Après 17 ans, justice est rendue.

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