Résolution sur la crise de droits humains au Nicaragua

19/11/2019
Déclaration

Le 40e Congrès de la FIDH considérant que :

Depuis le mois d’avril 2018, au Nicaragua, la crise des droits humains s’est aggravée et a eu pour conséquences les assassinats toujours impunis d’au moins 327 personnes, l’exil de plus de 70 000 personnes, des centaines de blessés, des prisonniers politiques, des tortures et des enlèvements, ainsi que la violation persistante des libertés publiques et l’instauration d’un état de terreur caractérisé par l’usage excessif des forces policières et des parapoliciers .

Dans le cadre de sa politique autoritaire, le régime du président Daniel Ortega et son épouse Yolanda Murillo, vice-présidente du Nicaragua, ont expulsé du pays plusieurs missions de la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) et du Bureau de la Haute Commissaire pour les Droits Humains des Nations Unies (HCDC) qui assuraient le suivi in situ de la grave crise sociopolitique et de droits humains du pays ; ainsi que le Groupe multidisciplinaire d’experts indépendants, qui a constaté la responsabilité de l’État dans l’exécution de crimes contre l’humanité.

Le schéma de violence gouvernementale comprend la persécution, le harcèlement, l’intimidation et la stigmatisation des femmes et hommes défenseurs des droits humains qui ont vu se limiter leur droit à défendre des droits. Parmi les cibles des agressions, l’organisation affiliée à la FIDH, le Centre nicaraguayen des droits humains (CENIDH), a été dépouillée de sa personnalité juridique de manière arbitraire. Ses biens ont été usurpés et ses membres ont été poursuivis.

Le 12 juillet 2019, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a demandé à l’État du Nicaragua d’adopter immédiatement les mesures nécessaires pour protéger les membres du CENIDH et de la CPDH et a reconnu que les défenseurs des droits humains au Nicaragua étaient en situation de risque grave.

Par conséquent, le 40e Congrès de la FIDH :

 condamne la répression brutale et la violation de l’État de droit et des droits humains de la population au Nicaragua exercées par le régime Ortega-Murillo.

 exige que l’État nicaraguayen cesse immédiatement la persécution des organismes de défense de droits humains et qu’il rende sa personnalité juridique et ses biens au CENIDH ainsi qu’aux huit autres organisations non gouvernementales qu’il a également privé de ces droits.

 demande au HCDH et à la CIDH de maintenir le suivi sur le régime Ortega-Murillo et sur la répression persistante que ce régime a provoqué au Nicaragua.

 demande à la communauté internationale de maintenir et d’intensifier la pression sur le gouvernement du Nicaragua et de prendre les mesures nécessaires qui permettront d’arrêter les violations graves et persistantes des droits humains, et de juger et sanctionner ses responsables en allant jusqu’à leur imposer des sanctions individuelles, tout comme certains États l’ont déjà fait.

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