Devant l’absence de réponse sur le sort et le lieu où se trouvent leurs proches disparus, ainsi que d’enquête approfondie et efficace pour mener les coupables devant les tribunaux, les parents des victimes ont décidé de faire appel au Système interaméricain. Ils ont rencontré hier le Secrétaire exécutif de la CIDH pour lui remettre la plainte.
La plainte présente 20 cas emblématiques des faits survenus dans l’État de Coahuila entre 2009 et 2016. Elle comprend des victimes du massacre d’Allende, des personnes incinérées au centre de détention de Piedras Negras contrôlé par le cartel « los Zetas », des personnes disparues qui avaient été arrêtées par la police de Coahuila pour être ensuite livrées à ce même cartel, ainsi que des personnes torturées par les forces spéciales de Coahuila et portées disparues.
La plainte pointe également des actes de corruption qui ont favorisé la captation par le cartel los Zetas de l’État local, notamment les forces de l’ordre de Coahuila, entre 2009 et 2012. Pour tous ces faits, les familles demandent à la CIDH qu’elle déclare l’État mexicain responsable de violations graves des droits humains perpétrées à Coahuila.
Selon les chiffres les plus récents délivrés par la Commission nationale de recherches (Comisión Nacional de Búsqueda), le Mexique compte 40 180 personnes disparues entre 2006 et 2018. Les organisations et les victimes qui portent cette plainte sont particulièrement préoccupées par la situation dans laquelle se trouvent les familles des victimes de disparition forcée dans l’État de Coahuila et au Mexique. Rien qu’à Coahuila, 800 corps sont toujours non-identifiés et selon le processus du plan d’exhumation étatique, le délai d’identification de ces corps dépassera bientôt 20 ans. En outre, les laboratoires d’expertise médico-légale n’acceptent pas les restes osseux localisés dans des fosses clandestines parce que le processus de récupération mis en œuvre par l’État ne respecte pas la chaîne de responsabilité.