Mexique : appel pour mettre fin à l’impunité et préoccupation pour les défenseurs des droits humains un an après la répression de Nochixtlán

27/06/2017
Communiqué
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Genève-Paris, le 26 Juin 2017 – Quelques jours après le premier anniversaire des événements tragiques de Nochixtlán, l’Observatoire exige que justice soit faite pour les victimes et alerte l’opinion sur les risques très élevés encourus par les défenseurs des droits humains dans leur quête de justice face aux campagnes de dénigrement lancées contre eux.

Il y a un an – le 19 Juin 2016 -, la Police de l’État de Oaxaca et la Police fédérale lançaient l’opération « Oaxaca » pour dégager des barrages routiers organisés par des pères et mères de famille en appui aux enseignants d’Oaxaca pour défendre l’éducation dans les villages d’Asunción Nochixtlán, San Pablo Huitzo, San Francisco Telixtlahuaca, Hacienda Blanca et Viguera. Ces affrontements ont coûté la vie à huit personnes, sept à Nochixtlán et une à Crucero de Viguera. Parmi ces victimes, sept ont été tuées par armes à feu et une à la suite d’une explosion présumée. De plus, selon les données recueillies par les organisations de la société civile, au moins 226 personnes ont subi différents préjudices durant cette opération [1] . Ces faits demeurent à ce jour impunis.

En ce jour anniversaire, l’Observatoire met en garde sur la recrudescence de la campagne de dénigrement contre les défenseurs des droits humains qui se battent pour mettre fin à l’impunité des responsables. Cette campagne vise aussi tout le corps enseignant d’Oaxaca. Dans cette région les attaques contre ces personnes ne cessent d’augmenter et les personnes ciblées courent des risques de plus en plus élevés.

Selon les chiffres de l’Organisation spécialisée dans la protection des défenseurs et ceux des Journalistes de l’Organisation de défense des droits humains du peuple d’Oaxaca, en 2016 on a recensé 197 attaques contre 95 défenseurs (39 femmes et 56 hommes) et contre 10 groupes. Des agents de la police fédérale, police d’État et police municipale ont participé à au moins 72 de ces attaques. De plus, selon les chiffres du Réseau des femmes activistes et défenseures des droits humains d’Oaxaca, depuis 2010 l’État bat le record des attaques contre les défenseures des droits humains. Il faut souligner que l’instituteur et défenseur des droits humains Damián Gallardo Martinez est toujours emprisonné depuis 2013, bien que sa détention ait été reconnue comme arbitraire et illégale par le Groupe de travail sur les détentions arbitraires des Nations Unies.

L’Observatoire lance un appel aux autorités mexicaines et d’Oaxaca afin qu’elles mettent en œuvre tous les moyens à leur disposition pour légitimer l’action des défenseurs des droits humains à Oaxaca – et notamment celle visant à soutenir les enseignants d’Oaxaca – et qu’elles s’engagent à ce que les faits commis le 19 Juin 2016 ne restent pas impunis. Il demande aussi réparation pour les victimes et des garanties pour que des faits semblables ne se répètent pas.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (l’Observatoire) est un programme créé en 1997 par l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et la FIDH pour prévenir ou remédier à des situations concrètes de répression contre les défenseurs – hommes et femmes – des droits humains.
L’OMCT et la FIDH sont membres de ProtectDefenders.eu, le Mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits humains mis en place par la société civile internationale.

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