Disparition des femmes et des filles au Mexique : une crise gravement sous-estimée

26/03/2025
Rapport
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David Peinado / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Au Mexique, des milliers de femmes et de filles disparaissent chaque année dans l’indifférence des autorités du pays. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et ses partenaires mexicains publient une note technique alertant sur l’ampleur de cette crise.

Paris, le 26 mars 2025. Dans une note technique (Policy Brief) publiée en collaboration avec Idheas Litigio Estratégico en Derechos Humanos A.C. et Equipo Mexicano de Antropología Forense A.C. (EMAF), la FIDH expose comment l’impunité, la connivence avec le crime organisé et les défaillances des autorités dans la prévention, la recherche et la sanction de ces crimes empêchent toute réponse efficace.

Ce document s’inscrit dans la continuité de travaux menés par ces organisations. Deux missions de documentation ont été réalisées dans les États de Guerrero et de Mexico, deux épicentres de ce phénomène, ayant donné lieu à deux rapports publiés en 2023 et 2024.

Les disparitions de femmes et de filles touchent aujourd’hui l’ensemble du territoire mexicain. Elles ne cessent d’augmenter dans un contexte marqué par la criminalité organisée et la traite des êtres humains. En mars 2025, le Registre national des personnes disparues et non localisées (RNPDNL) recensait 28 729 femmes portées disparues ou non localisées, soit près de 23 % des 124 987 disparitions enregistrées dans le pays.

Ce Policy Brief a été présenté lors d’un événement parallèle à la 69e session de la Commission de la condition de la femme des Nations unies (CSW), avec le soutien du programme Feminist Opportunities Now (FON). Il met en lumière plusieurs défaillances structurelles qui empêchent une réponse efficace de l’État pour faire face à ces disparitions.

Ce document dénonce :
 la banalisation de la violence envers les femmes et les filles, enracinée dans une culture patriarcale et machiste qui perpétue les préjugés, la discrimination et les schémas de violence extrême ;
 le manque de réactivité des autorités, qui traitent souvent ces affaires avec négligence, les considérant comme des « départs volontaires  » liés à une relation amoureuse ou à un « foyer repoussoir » ;
 la complicité de certain·es responsables avec les réseaux criminels, qui alimente un climat d’impunité généralisée ;
 l’absence d’une approche coordonnée entre les institutions étatiques, en raison d’une répartition confuse et déficiente des compétences ;
 la superposition des cadres juridiques, notamment entre les lois sur les disparitions forcées et celles sur la traite des personnes, qui entrave l’identification et la poursuite des responsables ;
 le manque de rigueur dans le traitement des preuves médico-légales, qui compromet les enquêtes et empêche la restitution digne des corps aux familles.

Face à ces constats alarmants, la FIDH exhorte les autorités mexicaines à prendre des mesures immédiates et concrètes pour lutter efficacement contre ce phénomène. Plus généralement, elles doivent lutter contre les violences sexuelles et basées sur le genre. Elle appelle les instances onusiennes et les autres États membres à exiger du Mexique qu’il honore ses engagements internationaux en matière de droits humains.

Le Policy Brief complet est disponible ici : https://www.fidh.org/IMG/pdf/fidh_policybrief-femmesmexique_fr.pdf

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