Les actions destinées à soutenir la Plateforme pour la défense de la santé et de l’éducation (Plataforma para la Defensa de la Salud y Educación) ont donné lieu à plusieurs mobilisations d’étudiants fortement réprimées par la police. Ces actions qui ont débuté dans les universités se sont récemment étendues à d’autres établissements scolaires, où la police est intervenue malgré la présence d’enfants, d’adolescents et de jeunes, en faisant un usage excessif de la force.
Le 12 juillet, la Universidad Pedagógica Nacional Francisco Morazán a révélé qu’un groupe de policiers était entré sur son campus central pour la deuxième fois en faisant usage de la violence, notamment en lançant des gaz lacrymogènes. Cette intervention a particulièrement affecté les enfants et les jeunes des cycles primaire et secondaire du Centre de recherche et d’innovation éducatif (Centro de Investigación e Innovación Educativas, CIIE), qui ont éprouvé panique et angoisse et pour certains sont atteints d’infection des voies respiratoires. Par la suite, il a été rendu public que différents établissements scolaires, comme le lycée technique du Honduras (Instituto Técnico Honduras), qui avaient également fait l’objet d’actes de répression par le passé, s’étaient vu imposer une forte présence policière en début de journée.
Quelques jours plus tard, le 18 juillet, les forces de sécurité de l’État du Honduras ont tiré de grandes quantités de gaz lacrymogènes dans le lycée José Trinidad Reyes situé à San Pedro Sula pendant les heures de classe. À cette occasion, des membres des TIGRES (Policía y de la Tropa Integral Gubernamental de Respuesta Especial en Seguridad) étaient intervenus et avaient arrêté très vigoureusement cinq étudiants et un gardien de sécurité. Parmi eux, deux enfants de moins de 18 ans : Angie Grissel Bonilla Hernández et Josué David Morales Gosselin, âgés respectivement de 16 et 17 ans, devront comparaître pour une première audience le 9 août prochain à 9h00 du matin, accusés du délit de dégradation aggravée, à la différence des cinq autres élèves qui ont été remis en liberté.
Face à ces actes, nous ne pouvons qu’exprimer notre profond désaccord contre la violence avec laquelle ont réagi les corps d’élite et l’usage abusif du système pénal pour imposer des peines exemplaires dans le but de décourager la contestation sociale.
À cela s’ajoutent les graves atteintes aux droits humains à l’encontre de ceux qui ont participé aux manifestations de masse entre avril et juin pour défendre l’éducation et la santé publique. À ces occasions, l’usage excessif de la force et la criminalisation ont joué un rôle incontestable. Ces faits ont eu pour effet d’engendrer une escalade de la violence sélective à l’encontre d’individus et de collectifs de défenseurs des droits humains.
Nous soussignées, les organisations, constatons que la situation du pays en 2019 met en lumière une escalade de la violence inexorablement liée à la crise politique, sociale, sécuritaire et des droits humains qui sévit au Honduras depuis la rupture de l’ordre constitutionnel en 2009.
Face à la situation, nous appelons le gouvernement du Honduras à :
PREMIÈREMENT, garantir le droit légitime à manifester, le droit à défendre des droits et à mettre fin immédiatement à l’intimidation, la criminalisation et l’usage de la force à l’encontre d’individus qui manifestent, surtout des personnes mineures qui doivent faire l’objet d’une protection spéciale de la part de l’État.
DEUXIÈMENT, abandonner les charges qui pèsent contre le jeune mineur Josué David Morales Gosselin mis en examen pour dommages aggravés et à garantir immédiatement la défense de ses droits humains.
TROISIÈMENT, identifier les responsables des interventions policières qui ont bafoué les droits des individus de moins de 18 ans ayant participé aux actions de contestation ou présents dans les classes des établissements scolaires qui ont fait l’objet de violence pour les juger et les sanctionner avec la transparence requise.