13 octobre 2021
Les organisations de la société civile soussignées dénoncent la nomination de l’État hondurien pour un siège au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. Le Honduras, l’un des endroits les plus dangereux au monde pour les défenseurs des droits de l’homme, n’a aucune légitimité pour mettre en œuvre un mandat visant à " Promouvoir et protéger les droits de l’homme dans le monde entier ". Bien que la candidature de l’État hondurien fasse partie d’une "liste fermée", nous demandons instamment aux États votants de ne pas voter lorsqu’il s’agira du Honduras, un État manifestement non qualifié pour le siège. Il s’agit de dénoncer l’incapacité de l’État à respecter les normes les plus élevées en matière de promotion et de protection des droits de l’homme et à coopérer pleinement avec le Conseil.
Depuis des années, le Honduras est en proie à des assassinats, des détentions arbitraires, des menaces et des intimidations contre ceux qui défendent courageusement leurs droits. Face à la gravité de la situation des droits de l’homme, la CIDH a présenté trois rapports sur le pays en 2009, 2015 et 2019, dans lesquels elle identifie la persistance de problèmes structurels tels que la pauvreté, l’inégalité, la corruption et l’impunité. Tout ceci affecte de manière disproportionnée les secteurs les plus vulnérables de la société, en raison de l’existence d’une "justice sélective" qui, d’une part, agit tardivement par rapport aux violations des droits de l’homme, mais d’autre part, agit en faveur des intérêts de divers acteurs liés au pouvoir public, politique et des affaires.
Par ailleurs, les recommandations formulées par l’ancien rapporteur spécial sur les défenseurs des droits de l’homme, Michel Forst, après sa visite au Honduras en 2019, n’ont pas été mises en œuvre, et la situation de vulnérabilité et de risque à laquelle sont confrontés les défenseurs n’a pas diminué. Au contraire, des lois régressives, y compris des changements profonds du code pénal, ont servi à approfondir la situation de risque à laquelle sont confrontés les défenseurs, leurs communautés et leurs familles.
À l’approche des élections du Conseil des droits de l’homme, qui auront lieu le 14 octobre, Amnesty International et le Service international pour les droits de l’homme ont organisé le 8 septembre 2021 un événement destiné aux États candidats. Lors de cet événement, nous avons été surpris que le Honduras s’engage à coopérer avec la société civile et les États de toutes les régions, alors que cette année encore, loin de respecter la volonté et l’esprit des Nations unies de protéger et de promouvoir les droits humains, le Honduras ne s’est pas conformé à l’avis n° 85/2020 du Groupe de travail sur les droits de l’homme. Cet avis 85/2020 du Groupe de travail sur la détention arbitraire, concerne José Daniel Márquez Márquez, Kelvin Alejandro Romero Martínez, José Abelino Cedillo, Porfirio Sorto Cedillo, Orbín Nahúm Hernández, Arnold Javier Alemán, Ewer Alexander Cedillo Cruz et Jeremías Martínez Díaz (Honduras), connus sous le nom de défenseurs de Guapinol. L’avis a exhorté l’État à libérer immédiatement les huit défenseurs de l’eau détenus arbitrairement depuis plus de 25 mois. Non seulement l’État hondurien n’a pas mis en œuvre la résolution, mais il a depuis prolongé sans raison la détention arbitraire des défenseurs qui se battaient pour défendre l’eau potable de leur communauté contre les projets miniers dans le parc national Carlos Escaleras.
Ce 14 octobre, les États membres de l’ONU ne doivent pas promouvoir le Honduras, mais agir pour empêcher l’État d’agir contre son propre peuple et ses droits.