Un coup judiciaire au Guatemala ? Suspension arbitraire des résultats des élections

03/07/2023
Déclaration
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Johan ORDONEZ / AFP

La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) condamne la décision arbitraire de la Cour constitutionnelle du Guatemala de suspendre la publication des résultats du premier tour. Elle demande également que les votes soient respectés et que les droits électoraux des citoyens et citoyennes guatémaltèques soient garantis.

3 juillet 2023. Les élections au Guatemala, qui se sont tenues le 25 juin dernier, se sont déroulées dans un climat marqué par l’absence de légitimité. Le veto opposé aux candidats, la persécution des journalistes et le harcèlement des défenseur·es des droits humains, qui ont dénoncé à plusieurs reprises le régime de corruption actuel, ont mis en évidence le manque de garanties et de transparence des élections.

C’est dans ce contexte que les résultats des élections ont donné la victoire à Sandra Torres, ancienne première dame et leader du parti Union nationale de l’espérance (UNE), et à Bernardo Arévalo, candidat du Mouvement Semilla (Semence), dont la victoire était totalement inattendue. Les deux candidat·es devront se présenter à un second tour. Cependant, une semaine après le scrutin, les magistrats de la Cour constitutionnelle ont décidé de suspendre la publication des résultats en raison de la prétendue nécessité de recompter les voix. Cette décision démontre le manque d’engagement démocratique de l’un des organes judiciaires les plus importants de l’État.

Dans une note publiée le 21 juin, la FIDH a dénoncé le fait que la Cour constitutionnelle avait indûment censuré des candidatures gênantes qui avaient révélé certains cas de corruption. Dans ce contexte, l’on perçoit le danger auquel est exposée la démocratie au Guatemala, dont les institutions, y compris le pouvoir judiciaire, manquent d’indépendance.

Cette fois-ci, dans une atteinte manifeste au processus électoral régulier, les magistrats de la Cour constitutionnelle ont pris la décision de procéder à un recomptage des voix « pour garantir la transparence du processus électoral ». La FIDH rejette la décision de purger les résultats car elle ne s’appuie sur aucun argument ou preuve objective pour la justifier. En fait, elle semble s’orienter vers la remise en cause des résultats qui ne favorisent pas la classe politique actuelle.

Jimena Reyes, directrice de la FIDH pour les Amériques, appelle « la Cour constitutionnelle à renoncer à sa décision de suspendre la publication des résultats du premier tour ».

L’organisation lance également un appel d’urgence à la communauté internationale à sanctionner les juges de la Cour constitutionnelle qui commettent de graves atteintes aux droits politiques des citoyens et citoyennes et à la démocratie au Guatemala. Enfin, elle exige des autorités guatémaltèques qu’elles assument leur responsabilité de garantir les droits électoraux de tous les citoyens et citoyennes.

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