Guatemala : la résistance citoyenne face à un État anti-démocratique

OMCT

Genève-Paris-Ville de Guatemala, 24 juin 2022. Le nombre d’attaques des défenseur·es des droits humains au Guatemala – 156 au cours du premier trimestre 2022 – révèle un acharnement ciblant particulièrement les juges, les procureur·es et les leaders communautaires et autochtones. C’est ce que dénoncent l’Observatoire pour la protection des défenseur·es des droits humains, un partenariat entre la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) avec la Unidad de Protección a Defensores y Defensoras de Derechos Humanos de Guatemala (Udefegua), dans un rapport actualisé le 24 juin 2022, suite à une mission internationale réalisée du 24 mars au 1er avril 2022.

Depuis avril 2021, la répression et la criminalisation systématiques des défenseur·es des droits humains ont contraint à l’exil 23 procureur·es et juges réputé·es pour leur travail indépendant dans la défense d’une vie sans corruption et sans impunité. En 2021, le climat de conflictualité territoriale élevée, encouragé par le modèle de développement extractiviste retenu par l’État du Guatemala, a engendré 179 agressions contre des paysan·nes et leaders autochtones qui défendent la Terre, le territoire et l’environnement. Entre janvier et mars 2022, au moins 15 d’entre elles et eux ont été victimes d’agressions.

« La situation de capture institutionnelle à laquelle nous assistons au Guatemala est très grave, car elle a pour finalité de garantir l’impunité et de réduire au silence la société civile. Le cas de l’ancienne procureure Virginia Laparra, privée arbitrairement de liberté depuis plus de trois mois, pour avoir dénoncé les actes de corruption d’un juge, est particulièrement préoccupante. Nous demandons sa libération immédiate », déclare Jorge Santos, coordinateur général de la Udefegua.

Les agressions et les harcèlements misogynes et discriminatoires contre les femmes défenseures des droits humains ont augmenté, pour atteindre 71 entre janvier et mars 2022. C’est le cas des attaques contre l’ancienne juge Érika Aifán, l’ancienne mandataire de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) Leyli Santizo, les anciennes procureures du Procureur spécial contre l’impunité (FECI) Xiomara Sosa, Paola Escobar, Aliss Morán et Virginia Laparra et, plus récemment, la procureure des droits humains Elena Sut Ren et l’ancienne procureure générale Claudia Paz y Paz.

C’est dans ce contexte que l’Observatoire et Udefegua publient le 22 juin 2022 le rapport (disponible uniquement en espagnol) : « Una Deuda sin Saldar : Ciudadanía en Resistencia », qui dénonce le non-respect systématique des standards et normes internationales en matière de protection de la défense des droits humains. Il étudie également les schémas de criminalisation à l’encontre de quiconque défend ces droits et appelle la communauté internationale à prendre des mesures radicales pour sortir de la crise des droits humains que traverse actuellement le Guatemala.

Ce document actualise et fait suite au rapport : «  Guatemala : Una Deuda sin Saldar. Recomendaciones para una agenda pública que garantice el derecho a defender derechos humanos  », publié en janvier 2021. La mission a constaté que ce premier rapport n’avait malheureusement donné lieu à aucune avancée malgré les recommandations formulées.

Lire le rapport actualisé (en espagnol uniquement) sur le site web de la FIDH et de l’OMCT.

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