Procès contre Rios Montt : une étape essentielle vers la fin de l’impunité et une opportunité pour l’État de Droit

19/03/2013
Communiqué

La FIDH se félicite de la tenue du procès contre l’ex-dictateur guatémaltèque Efraín Ríos Montt (1982-1983) pour le crime de génocide. Le début du procès marque une étape fondamentale, attendue depuis des décennies, vers la justice pour les communautés autochtones.

"Ce procès représente une opportunité pour le renforcement des institutions démocratiques et la construction d’une société plus juste au Guatemala. Pendant toutes les années de lutte contre l’impunité, le courage, la persévérance et la patience des témoins, des victimes et des avocats ont été fondamentaux pour rompre la loi du silence" a déclaré Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH.

Le Guatemala a souffert d’un conflit armé interne pendant 36 ans. Entre les années 1981 et 1983 des crimes atroces de génocides, crimes contre l’humanité et des crimes de guerres ont été commis, particulièrement contre la population maya. Sous le prétexte de "guerre" contre le communisme, des centaines de communautés indigènes de l’ouest guatémaltèque étiquetées comme "ennemis internes" ont été décimées. La fin de la guerre n’a pas permis d’établir la responsabilité pénale des responsables des crimes dont a souffert la population civile durant le conflit.

En 2001, l’Association pour la Justice et la Réconciliation (AJR) qui regroupe des survivants du conflit interne, ainsi que le Centro para la Acción Legal en Derechos Humanos (CALDH) , ont déposé une plainte contre les hauts responsables militaires de la dictature de Rios Montt comme instigateurs de crimes de génocides, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

Le procès contre Ríos Montt n’a pas été exempt de contretemps. Même si l’AJR a fourni plus d’une centaine de témoignages, le ministère public n’a pas progressé dans l’enquête pendant plus de sept ans, et ce n’est qu’en 2012 que Rios Montt a été auditionné pour la première fois devant un juge.

La défense veut se retrancher derrière l’amnistie consacrée par la Loi de Réconciliation Nationale. Cependant, cette même loi souligne que la dite amnistie ne s’applique pas aux crimes de génocide, torture, disparition forcée, ou quelque autre délit imprescriptible. En accord avec le droit international, le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre sont imprescriptibles et ne peuvent être amnistiés. La Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme a déjà établi plusieurs précédents dans des cas concernant le Guatémala, qui avertissent que l’utilisation de l’amnistie en relation avec les violations graves des droits humains serait contraire à la Convention Américaine des Droits de l’Homme.

« Ce procès revêt une importance fondamentale pour le futur du Guatemala. Il est nécessaire que l’État guatémaltèque prenne toutes les mesures nécessaires pour assurer l’intégrité du procès et la sécurité des témoins, des victimes, des défenseurs des droits de l’Homme et des auxiliaires de justice » a déclaré Manuel Ollé, avocat espagnol, observateur dans le procès au nom de la FIDH.

L’observation internationale de la FIDH au procès sera menée par différents experts internationaux qui évalueront le respect des normes internationales.

"Ce fut un processus long mais nécessaire pour commencer une véritable transition vers une société où les droits de tous les guatémaltèques sont respectés" a signalé Edgar Pérez, avocat de l’AJR. "Face au monde, c’est un rappel que chaque processus de paix doit nécessairement être accompagné de mécanismes judiciaires. Le silence imposé, même lorsqu’il dure des années, ne peut étouffer le désir de justice des victimes de graves violations des droits humains."

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