De l’indécence à l’injustice ?

Il y a une semaine, un attentat frappait le siège des Nations Unies à Bagdad, faisant de nombreuses victimes, parmi lesquelles Sergio Vieira de Mello, le répresentant spécial du Secrétaire Général.

Le Mexique a proposé que le Conseil de sécurité réagisse en adoptant une résolution sur la protection des personnels humanitaires et de maintien de la paix. Le projet serait déjà appuyé par l’Allemagne, la Bulgarie, la France, la Russie, et la Syrie.

Les Etats-Unis menacent de rejeter le projet de résolution car le texte affirme que les attaques dirigées contre les travailleurs humanitaires constituent des crimes de guerre au sens du statut de la Cour pénale internationale (CPI). Les Etats-Unis refusent de reconnaître la compétence de la CPI. Depuis quelques mois, plusieurs résolutions ont, sous la pression américaine, exclu la compétence de la CPI concernant l’action des forces de maintien de la paix en général (12 juin) ou dans le contexte de l’intervention au Liberia (1er août).

« Engagée dans une campagne absurde et absolue contre la CPI, l’administration Bush oublie toute décence et sombre dans l’incohérence », a déclaré Sidiki Kaba, président de la FIDH. En l’espèce - l’examen d’un projet visant à protéger les travailleurs humanitaires, y compris des crimes de guerre perpétrés par des groupes terroristes - l’opposition de l’administration Bush pour cause d’obscurantisme anti-CPI est aussi inacceptable que paradoxale.

Dans le contexte d’une insécurité grandissante pour le personnel humanitaire et les défenseurs des droits de l’homme, et après le coup porté aux Nations Unies à Bagdad, il est intolérable que leur protection soit l’objet de tractations obscures. Il faut réaffirmer avec la plus grande vigueur la nature criminelle des actes commis le 19 août et de tous agissements de même nature. Il faut aussi que les Etats s’engagent à poursuivre et juger les auteurs de crimes de guerre de ce type conformément au droit international en vigueur

La FIDH rappelle que le statut de la CPI est le premier traité incriminant spécifiquement les attaques contre les « humanitaires ».

« Les Etats-Unis ne peuvent pas se désolidariser de ceux qui travaillent quotidiennement à l’amélioration du sort des populations civiles au péril de leur vie. Ils doivent cesser de prendre le Conseil de sécurité en otage » a encore affirmé Sidiki Kaba.

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