Pastrana rompt le processus de paix

22/02/2002
Rapport
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La FIDH regrette la rupture des négociations de paix entre le gouvernement colombien et les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie), annoncée le mercredi 22 février à 21 heures par Andrés Pastrana.
Le jour suivant , des opérations militaires ont été déclenchées dans la région de Caguán , engageant près de 13 000 soldats et bombardiers dans 85 sites stratégiques de la zone.
Selon la FIDH , la décision du président Pastrana ne fait qu’accentuer davantage la détérioration de la situation colombienne, et bénéficie seulement à ceux qui ont fait de la guerre leurs fonds de commerce. La FIDH estime que ces mesures vont à l’ encontre des intérêts et du désir profond ressentis par la majorité de la population . Raisons amplement suffisantes pour rejeter l’opportunité de ces mesures.

La FIDH regrette particulièrement, que les accords conclus durant le mois de janvier dernier, n’aient pas été respectés, ces accords établissaient un calendrier qui devait se prolonger jusqu’au 7 avril, date butoir afin de permettre d’avancer dans les négociations et de procéder à la prorogation de la zone démilitarisée.

Il convient de rappeler que la FIDH condamne tout recours à la violence et toute violation du droit international humanitaire, notamment les actions menées par les FARC ces dernières semaines, qui n’ont fait qu’alimenter le discours de l’extrême droite, alors en plein débat électoral.

La FIDH réitère son avertissement, la rupture définitive du processus de paix ne peut que contribuer à l’aggravation de la crise humanitaire en Colombie, qui constitue déjà une des plus sérieuse du monde. Durant les 40 mois et dix sept jours écoulés depuis le début du processus de paix avec les FARC, la Colombie a connu plus de 1000 massacres, et plus d’un millions de déplacés. De juin 2000 à juin 2001, une moyenne de 20 assassinats politiques par jour a pu être comptabilisée. Ces chiffres sont attribuables pour les deux tiers à l’Etat ainsi qu’aux groupes paramilitaires. Par ailleurs, durant la même période on dénombre près de dix mille enlèvements, de prises d’otages des populations, imputables à plus de 30% aux groupes de guérilla. Sans compter les innombrables destructions des infrastructures électriques, des oléoducs et des voies de communications

De même l’escalade de la violence aura des conséquences néfastes sur la stabilité politique de la région andine.

Une préoccupation particulière doit être soulignée , elle concerne les habitants de la zone démilitarisée , en effet aucun instrument concret permettant d’assurer et de garantir l’ensemble de leurs droits fondamentaux, n’a été rendu public. Nous insistons pour la mise en place d’une présence nationale et internationale auprès des populations de la zone démilitarisée.

De la même manière, la guerre totale aggravera la récession économique qui sévit déjà depuis plus de cinq ans. Sur les 42 millions de colombiens, près de 33 millions vivent dans des conditions de pauvreté, dont près de 9 millions se trouvent en situation d’indigence.
Les dépenses militaires représentent près de 5% du PIB, ce chiffre, rapporté au budget national, auquel il faut ajouter le paiement du service de la dette extérieure, représente près de 70% du revenu national.

Par ailleurs, la FIDH suit avec préoccupation l’augmentation de la violence, cette dernière pouvant affecter négativement le déroulement des prochaines élections législatives et présidentielles. Un cessez-le-feu aurait permis la tenue d’un débat démocratique et la participation libre de tous les colombiens et colombiennes. Malheureusement, la volonté populaire risque plus que jamais d’être soumise à la volonté des candidats partisans des paramilitaires.

La FIDH tient à signaler que l’augmentation de la violence provoquée par la rupture des négociations et pourparlers est susceptible de porter préjudice significativement à toutes les organisations de la société civile colombienne, notamment des défenseurs des droits de l’Homme, il est ici question aussi bien des droits civils et politiques que des droits économiques et sociaux et culturels.

La FIDH presse les parties impliquées dans le conflit à respecter les droits de l’Homme et le droit international humanitaire de toutes les populations civiles non combattantes.
A cette fin, elle presse les parties à signer dans les plus brefs délais un accord global portant sur les droits de l’homme et le droit international humanitaire, conformément aux recommandations formulées par la Commission des droits de l’Homme et le Haut commissaire des Nations unies pour les droits de l’Homme.

La FIDH appelle par ailleurs la communauté internationale, notamment les dix ambassadeurs du "groupes des pays amis" et le délégué du Secrétaire Général des Nations Unies, à adopter toutes les mesures nécessaires afin de garantir le respect du Droit International Humanitaire.

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