Lettre ouverte à M. Juan Manuel Santos, Président de la République de Colombie - Préoccupation face à un possible attentat contre le CAJAR

24/09/2010
Communiqué

Monsieur le Président,

La Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), souhaite vous exprimer sa préoccupation face à un possible attentat conte le Colectivo de Abogados ’José Alvear Restrepo’ (CAJAR). La semaine dernière, le CAJAR a reçu, d’une source digne de foi, une information concernant la possible préparation d’un attentat contre la vie d’un de ses membres. Selon la source, les services de renseignements militaires seraient impliqués.

Aussi, nous souhaitons vous rappeler le travail indispensable qu’a réalisé le CAJAR au cours de ses 30 années d’existence, en matière de défense des Droits de l’Homme en Colombie et dans la lutte contre l’impunité. Leur rôle à été essentiel dans des cas comme ceux du massacre de Mapiripán, le massacre de La Rochela, le massacre d’Alaska, l’exécution extra-judiciaire du Sénateur Manuel Cepeda Vargas, les exécutions extra-judiciaires de jeunes de Soacha, de syndicalistes, d’autochtones de la Sierra Nevada de Santa Marta, tel que le peuple Wiwa et le peuple Kankuamo, de paysans dans différentes régions du pays, de cas de disparitions forcées, et plusieurs autres cas qui constituent des crimes contre l’humanité. Ce travail a provoqué une persécution systématique du Département Administratif de Sécurité (DAS) à l’encontre des membres du CAJAR tant à niveau national qu’international, pendant plusieurs années, avec l’objectif de « neutraliser » leurs actions de défense des Droits de l’Homme.

Dans ce contexte, nous sommes particulièrement préoccupés par l’acutelle campagne de diffamation contre le CAJAR et la FIDH à travers, entre autres, d’informations calomnieuses publiées par Eduardo Mackenzie et Ricardo Puentes Melo sur le site internet de « Periodismo sin Fronteras ». Un de ces journalistes avait déjà insinué, dans le passé, que notre organisation aurait des liens avec la guérilla et le trafic de drogue. Nous rappelons, une fois de plus, que la FIDH et le CAJAR rejettent tout type de violence et dénoncent l’ensemble des violations des Droits de l’Homme et du Droit International Humanitaire commises par tous les acteurs du conflit.

Nous sommes également préoccupés par votre décision, M. le Président, de maintenir M. Felipe Muñoz à la direction du DAS, étant donné que c’est sous son autorité que, dans le cadre d’une campagne diffamatoire à notre encontre, le DAS avait livré une information qui a ensuite été publiée par le magazine Cambio et le journal El Tiempo l’année dernière, dans laquelle notre Fédération y était présentée comme faisant partie de la « Diplomatie Internationale des FARC ». De la même façon, M. Felipe Muñoz a accepté de poursuivre l’espionnage contre notre Secrétaire Général, Luis Guillermo Pérez Casas, ainsi que contre la Cour Suprême de Justice et des membres de l’opposition.

Nous demandons à votre gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger le CAJAR et ses membres contre cette possibilité d’attentat. Nous saluons par ailleurs votre disposition à ce que, sous votre mandat, personne soit persécuté ou stigmatisé en raison de ses idées politiques, et espérons que l’engagement des défenseurs des droits de l’homme contre l’impunité ne soit pas perçu comme une « guerre politique ou juridique ». Aussi, nous espérons que vous accèderez aux demandes de rendez-vous formulées par les membres du CAJAR et autres défenseurs menacés. Finalement, nous vous demandons, M. Le Président, de reconnaître publiquement le caractère légitime et indispensable pour une société démocratique de la lutte pour la défense des droits de l’homme et contre l’impunité menée par le CAJAR et les autres organisations de défense des droits de l’homme.

Nous vous faisons part, M. Le Président, de nos salutations les plus respectueuses.

Souhayr Belhassen,
Présidente de la FIDH

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