Le commandant adjoint de la force militaire de la MINUSTAH serait impliqué dans les violations des droits de l’Homme sous Pinochet

07/11/2005
Communiqué
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La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), le Comité de défense des droits du peuple (CODEPU), son affilié au Chili, et le Réseau national de défense des droits Humains (RNDDH), organisation partenaire de la FIDH en Haïti, demandent la suspension immédiate du général Eduardo Aldunate de son poste de commandant adjoint de la composante militaire de la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (MINUSTAH).

D’une part, le général Aldunate a fait partie de la Direction nationale d’intelligence (DINA), la police politique du régime de Pinochet (1973-1990), à l’origine de 3000 exécutions extrajudiciaires, 1200 disparitions et 30 000 cas de prisonniers politiques torturés. D’autre part, le général Eduardo Aldunate est soupçonné d’avoir été membre de la "Brigade Mulchen", responsable de la séquestration et de l’assassinat, en juillet 1976, de M. Carmelo Soria, un diplomate espagnol alors responsable de la Commission économique des Nations unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), dont le siège se trouve à Santiago.

La FIDH, le CODEPU et le RNDDH se félicitent de l’ouverture d’une enquête sur le passé du général Eduardo Aldunate, annoncée par le Secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, M. Jean-Marie Guéhenno, et demandent au Secrétaire général des Nations unies que le rapport d’enquête soit rendu public dans les plus brefs délais.

Les soupçons qui pèsent contre le général Aldunate ne doivent pas nuire à l’action de la MINUSTAH et particulièrement à celle du bataillon chilien et des policiers civils intégrés en son sein. Aussi, si les allégations à l’encontre du général Aldunate étaient confirmées, la FIDH, le CODEPU et le RNDDH exigent la révocation du militaire chilien de ses fonctions au sein de l’ONU et de l’armée chilienne. Les Nations unies doivent adopter une position ferme qui constituera un message clair en faveur de la lutte contre l’impunité tant au Chili qu’en Haïti.

Cette affaire intervient au moment où se dessinent, pour Haïti, d’importants enjeux (fin de la transition, organisation d’élections générales, réforme de l’administration de la Justice) que la FIDH analyse dans un rapport d’enquête international qui paraît aujourd’hui (Haïti. Quels lendemains pour une transition manquée ? 8 novembre 2005 http://www.fidh.org/article.php3?id_article=2822). Le rapport fait le point sur les deux années du gouvernement de transition et la présence de la MINUSTAH, notamment en matière de respect des droits de l’Homme.

Face aux défis de la lutte contre l’impunité tant au Chili qu’en Haïti, la FIDH, le CODEPU et le RNDDH demandent :

 la suspension immédiate du général Eduardo Aldunate, commandant adjoint de la force militaire de la mission onusienne en Haïti (MINUSTAH) ; et sa révocation si les allégations à son encontre étaient confirmées ;

 la publication, dans les meilleurs délais, de l’enquête des Nations unies sur l’implication présumée du général Aldunate dans la perpétration de violations des droits de l’Homme au Chili ;

 l’ouverture d’une enquête par le gouvernement chilien sur l’implication présumée du général Aldunate dans des violations des droits de l’Homme, notamment sur son rôle dans la séquestration puis l’assassinat de Carmelo Soria, le diplomate espagnol, responsable de la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL) en 1976 ;

 plus généralement, au gouvernement chilien de lutter effectivement contre l’impunité des auteurs de violations des droits de l’Homme au Chili notamment en poursuivant et en jugeant les auteurs de tels faits.

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