Juan Pitchùn, porte parole des Mapuche, est aujourd’hui en Europe pour informer la société civile sur la répression subie par son peuple.

04/11/2004
Communiqué

Présence exceptionnelle en Europe d’un porte-parole Mapuche
Témoin direct des violations des droits du peuple Mapuche au Chili.

La conférence de presse
initialement prévue le 19 octobre 2004 et qui a dû être repoussée, aura par
conséquent lieu le 09 novembre prochain à
11 heures au siège de la FIDH
17, Passage de la Main d’Or
75011 - Paris

Au moment où la communauté internationale félicite le Chili pour l’avancée démocratique qu’a représenté la levée de l’immunité du général Pinochet, le 27 août dernier, la Fédération Internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et Kolektivox (collectif de soutien au peuple Mapuche) dénoncent l’utilisation actuelle par les autorités chiliennes des lois antiterroristes et de sécurité intérieure, datant de la dictature, comme instrument de répression du peuple Mapuche.

Du 24 octobre au 15 novembre 2004, grâce au concert de soutien « Voix Mapuche, voix de la Terre », un werken (messager) Mapuche, Juan Pichún, fils du lonko (autorité traditionnelle) Pascual Pichún, sera présent en Europe pour interpeller les médias, les gouvernements et les institutions européennes sur la situation de son peuple.

Les Mapuche, peuple originaire du sud du Chili et de l’Argentine, sont spoliés de leurs terres au profit des entreprises forestières et hydroélectriques. Bien que les Mapuche aient initié de nombreuses procédures judiciaires de récupération de leurs terres, les tribunaux chiliens n’ont pas répondu aux demandes des communautés. Dans ce contexte de conflits entre les intérêts des entreprises privées et les intérêts collectifs des communautés, le gouvernement ne garantit pas les droits fondamentaux des Mapuche, malgré l’adoption en 1993 d’une législation spécifique sur les droits des peuples indigènes. Au contraire, l’Etat a choisi d’adopter une position répressive contre les communautés et de criminaliser leurs revendications par le biais de la Loi Antiterroriste et de la Loi de Sécurité intérieure de l’Etat. Ces législations d’exception empêchent la tenue de procès équitables, violant l’ensemble des droits à la défense, et permettent des condamnations pénales disproportionnées aux faits reprochés.

Malgré les dénonciations et les recommandations adressées au gouvernement chilien par le Rapporteur spécial des Nations Unies pour les libertés fondamentales des populations autochtones, par la CIDH (commission inter américaine des droits de l’Homme) et par les ONG internationales et nationales, les atteintes aux droits économiques, sociaux, culturels et politiques du peuple Mapuche ainsi que la répression exercée de concert par les milices privées et par la police se poursuivent.

Le traitement partial de l’information par les principaux médias chiliens ajoute à la répression l’interdiction d’accès à la parole publique. Il est, de ce point de vue, essentiel que la présence de Juan Pichún, soit l’occasion pour les médias étrangers de lever le voile sur cette autre histoire du Chili et d’offrir la parole à un peuple aujourd’hui « entre l’oubli et l’exclusion. »

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