Rio de Janeiro, le 30 octobre 2025. Dans un événement sans précédent dans l’histoire du Brésil, 132 personnes ont été tuées lors d’une opération policière menée dans deux favelas de Rio de Janeiro, au cours de laquelle les forces de l’ordre ont fait usage d’armes à feu de manière indiscriminée. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), le Mouvement national des droits humains (MNDH), Justiça Global et Justiça nos Trilhos – ses organisations membres au Brésil – qualifient ce drame non seulement de violation explicite et grave des droits fondamentaux, mais désignent également les autorités politiques de l’État de Rio de Janeiro comme les responsables ultimes de cette action préméditée et criminelle.
La FIDH condamne les déclarations du gouverneur de Rio de Janeiro, Claudio Castro, qui a ignoré les victimes du massacre et les a toutes qualifiées de « narco-terroristes ». De même, elle rejette fermement l’exploitation de la violence et des homicides comme stratégie politique à des fins électorales. L’État a certes le droit et le devoir de sanctionner les groupes criminels, mais toujours dans le respect du droit et non par des exécutions extrajudiciaires, lesquelles, à Rio de Janeiro, sont devenues non pas des exceptions, mais une pratique courante des politiques de sécurité fondées sur la confrontation.
Cet épisode constitue un nouvel exemple de l’escalade de la violence policière contre les citoyen·nes brésilien·nes. La Cour suprême fédérale (STF) a établi des règles strictes encadrant ce type d’opération, qui doivent notamment être portées à la connaissance du ministère public. Le Conseil national des droits humains (CNDH) est intervenu dans cette affaire et a saisi la STF, dont la décision publiée prévoit une série de mesures spécifiques encore non appliquées. Des enquêtes équitables, appuyées sur des expertises indépendantes et un suivi étroit par la société civile et les organes de contrôle, sont indispensables pour garantir que les responsables soient pleinement tenu·es redevables de leurs actes.
« Les actions de sécurité publique doivent protéger et garantir la vie, non la détruire. Quelles que soient les personnes concernées, tout le monde a droit à un procès équitable. Rien ne peut justifier une telle situation. Les responsables de l’enquête doivent assumer leur rôle constitutionnel. Les investigations doivent être menées de manière indépendante pour que justice soit rendue et, surtout, afin d’éviter toute décision précipitée », déclare Paulo César Carbonari, membre de la coordination nationale du Mouvement national des droits humains (MNDH).
Dans ce contexte, ces événements tragiques mettent en lumière la racialisation et la discrimination structurelle que subit une partie importante de la population. Au Brésil, les victimes de la violence sont majoritairement de jeunes personnes noires vivant en périphérie. Tel est le profil des victimes de cette répression. À cela s’ajoutent la polarisation croissante de la société brésilienne et la montée des discours d’extrême droite, qui attisent l’hostilité à l’égard de ces populations.