Un pas supplémentaire dans la lutte contre l’impunité

08/09/2006
Communiqué

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) se félicite de la décision de la justice argentine du 4 et 5 septembre 2006 de déclarer anticonstitutionnelle la grâce accordée à l’ancien dictateur Jorge Rafael Videla et à deux ex-ministres de l’époque de la junte militaire, José Martinez de Hoz et Albano Harguindeguy.

En 1976, dans le but de contraindre des entrepreneurs argentins à concrétiser une vente de coton à Hong-Kong et d’obtenir ainsi de nouvelles ressources, le général Videla et ses deux ministres Martinez et Harguindeguy signaient un décret autorisant l’arrestation et la détention de novembre 1976 à avril 1977 des deux hommes d’affaires Federico Gutheim et son fils Miguel Gutheim.

Les 4 et 5 septembre 2006, le juge Oyarbide a prononcé la levée de la grâce dont bénéficiaient l’ancien dictateur et ses deux ministres dans le cadre de cette affaire, faisant notamment référence à plusieurs décisions de la Chambre fédérale et de la Cour suprême d’Argentine qui avaient déclaré imprescriptibles les crimes contre l’humanité.

Le général Videla, avait déjà été reconnu coupable de dizaines de crimes d’enlèvements, de disparitions et de tortures commis sur des opposants lors du procès historique de la junte en 1985. Il avait ensuite été gracié en 1990, en même temps que les autres dignitaires du régime, par l’ancien président argentin Carlos Menem. L ’ancien dictateur avait été à nouveau placé en détention en 1998 pour le vol de bébés de victimes du régime, délit qui n’était pas inclus dans la grâce présidentielle. Il avait alors été assigné à résidence en raison de son âge.

La FIDH se réjouit aujourd’hui de cette décision historique qui ouvre la voie aux poursuites des crimes commis sous la junte militaire et constate avec satisfaction qu’un nouveau pas a été fait dans la lutte contre l’impunité et le respect des droits de l’Homme.

La FIDH exprime néanmoins sa préoccupation quant au fait que José Martinez de Hoz et Albano Harguindeguy soient laissés en liberté, et que Jorge Rafael Videla soit assigné à résidence en raison de leur âge.

La FIDH appelle donc les autorités argentines à mettre en oeuvre toutes les mesures nécessaires pour que justice soit rendue dans un délai raisonnable, dans le respect des droits des victimes à un recours effectif et du droit à un procès équitable.

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