AFFAIRE CAVALLO : Le Mexique doit garantir une procédure d’extradition impartiale et indépendante vers l’Espagne

Suite à l’arrestation et la détention du militaire argentin Miguel Angelo Cavallo au Mexique sur ordre de la justice espagnole, les organisations de défense des droits de l’Homme signataires demandent aux autorités mexicaines de garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire et de ne pas interférer avec la procédure d’extradition de Cavallo vers l’Espagne en vue de son jugement.

Arrêté par Interpol Mexique, le 24 août 2000, l’ex-militaire argentin Cavallo est l’un des 99 tortionnaires présumés coupables de crimes de génocide, terrorisme et torture inclus sur la liste du juge Balthazar Garzon, lequel a procédé la délivrance d’un mandat d’arrêt international contre ces derniers. Cavallo faisait partie du " groupe d’intelligence " GT 33/2 de la ESMA, l’un des centres clandestins de détention les plus brutaux de la dernière dictature argentine (1976-1983).
Cavallo est accusé de kidnapping sur 16 bébés de prisonniers, de torture sur 110 personnes et d’avoir pris part à l’exécution de plus de 200 disparitions forcées. La demande d’extradition du juge espagnol se fonde sur le principe de compétence universelle qui permet la répression des crimes internationaux quelle que soit la nationalité de la victime, de l’auteur ou du lieu où le crime a été commis.Cavallo, alias "Serpico", comme de nombreux tortionnaires argentins, a bénéficié de la loi dite du Point Final qui a concédé l’impunité aux auteurs de ces crimes. Dans ce cas précis, quand l’impunité est officialisé par des lois d’amnisties et que la justice nationale est dans l’impossibilité d’agir, le principe de compétence universelle représente une nouvelle espérance pour les victimes et les familles.

L’extradition de Cavallo ouvre la possibilité d’obtenir une fois pour toute la justice. Les organisations signataires sont conscientes de la gravité des crimes allégués contre Cavallo et de la pression exercée par le gouvernement argentin pour éviter son extradition vers l’Espagne. Les argumentations juridiques avancées par les autorités argentines cachent en réalité qu’un retour de Cavallo en Argentine serait la garantie de son impunité. C’est la raison pour laquelle les organisations signataires demandent que la justice mexicaine soit extrêmement vigilante face aux exceptions présentées par la défense de Cavallo en vue d’obtenir sa libération.Ainsi le Comité de Acción Jurídica (CAJ), le Centro de Estudios Legales y Sociales (CELS) , la Liga Argentina de Derechos Humanos (LADH), d’Argentine ; la Comisión Mexicana de Defensa y Promoción de los Derechos Humanos (CMDPDH), la LIMEDDH du Mexique et la Fédération Internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) demandent urgemment au gouvernement mexicain :

1. D’agir en conformité avec ses engagement internationaux

2. De garantir que la procédure d’extradition de Cavallo vers l’Espagne s’accompagne d’une impartialité et d’une d’indépendance de la justice mexicaine correspondant à l’enjeu de l’affaire

3. De ne pas intéferer politiquement, comme dans d’autres affaires similaires, dans la lutte contre l’impunité et permettre l’application du traité bilatéral d’extradition en vigueur.

4. De maintenir Cavallo en détention pendant toute la procédure d’extradition car sa liberation signifierait un point final dans la recheche de la justice.

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