ZIMBABWE : la répression des manifestations pacifiques doit cesser, les manifestants détenus arbitrairement être libérés

23/01/2019
Communiqué
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Alors que les discussions sur la suite de la grève généralisée continuent, la FIDH et ZimRights condamnent la montée de la répression et des violations des droits humains contre les manifestant.e.s ayant exprimé leur mécontentement face à la hausse des prix du carburant. Les autorités zimbabwéennes doivent immédiatement mettre fin à leurs pratiques autoritaires croissantes, en réponse aux mouvements citoyens s’alarmant de la détérioration de la situation économique. Elles doivent notamment s’abstenir de tout recours excessif à la force contre des manifestants pacifiques. Enfin, des enquêtes approfondies doivent être menées sur les violations des droits de humains perpétrées depuis le début de la répression.

Depuis le 14 Janvier 2019 et le début de la grève généralisée lancée par les syndicats et des groupes de la société civile, les Zimbabwéen.ne.s ont fait l’objet d’une réponse brutale de la part de la police et des forces armées. Ces dernières ont tiré à balles réelles et utilisé du gaz lacrymogène contre des manifestant.e.s non armé.e.s. 

Documentant l’escalade de cette répression, ZimRights et des organisations de la société civile ont dénombré : au moins 12 personnes tuées, 78 blessées par balles, plus de 240 victimes d’agressions, tortures, traitements inhumains et dégradants. Au moins 700 personnes ont été arbitrairement arrêtées et détenues. Une douzaine de propriétés privées ont également été vandalisées ou pillées. En outre, les Zimbabwéen.ne.s ont vu leur droit d’accès à l’information sévèrement réduits, et l’indépendance et la liberté de leurs médias attaquées. Enfin, entre le 15 et le 21 janvier, l’accès à internet et aux réseaux sociaux fut bloqué.

« Avant les élections générales du 30 juillet 2018, nous avions plaidé pour la mise en place d’une véritable transition démocratique, appelant plus particulièrement à la fin du système de mauvaise gouvernance, de corruption et de graves abus qui avaient marqué la période Mugabe. Il est aujourd’hui extrêmement troublant de voir que les mauvaises pratiques et l’usage disproportionné de la force contre des manifestants pacifiques continuent. Les autorités Zimbabwéennes doivent immédiatement mettre fin à la répression et mener des enquêtes approfondies sur les violations des droits humains commises depuis le début des manifestations ”

Arnold Tsunga, vice-président de la FIDH.

Nos organisations sont également préoccupées par la détérioration des conditions de vie des Zimbabwéen.ne.s, alors que la situation économique et sociale du pays se dégrade. Sur les 14 derniers mois, la crise monétaire s’est intensifiée. Depuis le 18 janvier 20191, le taux d’inflation a atteint 42 %. Les entreprises ont fermé et les pénuries de carburant sont devenues fréquentes. De plus en plus de personnes peinent à se procurer des produits de première nécessité ou à assurer la sécurité alimentaire de leurs ménages. 

Le 12 janvier 2019, lors d’une conférence de presse, le président Mnangagwa a annoncé une hausse des prix du carburant due selon lui à leur consommation accrue et à un commerce extérieur illégal généralisé. Cette décision est entrée en vigueur le 13 janvier et les prix du diesel et de l’essence ont alors augmenté de 150 %. Selon les analystes, le Zimbabwe a aujourd’hui le carburant le plus cher au monde2. Cette situation insupportable a de graves conséquences sur le niveau de vie et l’accès aux droits d’une population déjà très appauvrie.

Depuis qu’Emerson Mnangawa a pris la tête du pays pour le reste du mandat de Robert Mugabe, et plus encore après les élections très controversées du 30 juillet 2018, le peuple Zimbabwéen n’a pas observé de changement politique concret. 

Sous le gouvernement de Mnangagwa, les défenseurs des droits humains ont au contraire continué à être attaqués : discours de haine, campagnes de diffamation, actes d’intimidation et de harcèlement. Des actes de torture ont été régulièrement signalés. Toutes ces violations intervenant principalement lors de la répression des manifestations. L’espace civique et les libertés fondamentales demeurent réduits. 

Lors des manifestations actuelles, les forces de sécurité ont tenter d’intimidé à une grande échelle les défenseurs des droits humains. Ils ont d’abord été victimes de mesures de surveillance. Ils ont également subi de nombreuses violences, arrestations, détentions arbitraires, et été objets d’harcèlement judiciaire. Okay Machisa, directeur national de ZimRights, a fait l’objet d’actes d’intimidation et de harcèlement, comme plusieurs autres membres de son organisation. 

Le pasteur Evan Mawarire est également détenu depuis le 16 janvier 2019 et accusé de “subversion d’un gouvernement constitutionnel”. Ces atteintes ont généré un climat de peur au sein de la société civile, poussant plusieurs défenseurs des droits humains à choisir la clandestinité.

« La criminalisation des défenseurs des droits humains et des ONG par le gouvernement du Zimbabwe est inacceptable. Ceci doit cesser si le Zimbabwe veut s’engager dans une véritable transition démocratique qui respecte l’état de droit et protège les droits humains ”

Okay Machisa, directeur nationale de ZimRights.

 

Afin de trouver des solutions durables à la crise actuelle, nos organisations exhortent les autorités zimbabwéennes à mettre en place un cadre de consultation pour un débat national pacifique, démocratique et participatif. Un tel dialogue national multipartite devrait inclure, entre autres, les autorités nationales, les organisations et les activistes de la société civile, les leaders économiques, sociaux et religieux, les représentants des travailleurs, les étudiants, les universitaires et les partis politiques pour faire face à la crise nationale. 

Enfin, nos organisations exhortent la communauté internationale, notamment la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA) et l’Union africaine (UA), à aider activement le Zimbabwe à trouver une solution durable à la crise actuelle.

Contact Presse :

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Samuel HANRYON
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