Elections sous baïonnettes

08/03/2002
Communiqué
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A la veille du scrutin présidentiel qui doit être organisé les 9 et 10 mars au Zimbabwe, la FIDH et son affiliée ZIMRIHTS dénoncent avec vigueur les moyens illégaux utilisés par l’actuel Président, Robert Mugabe, pour s’assurer la victoire électorale.

A la veille du scrutin présidentiel qui doit être organisé les 9 et 10 mars au Zimbabwe, la FIDH et son affiliée ZIMRIHTS dénoncent avec vigueur les moyens illégaux utilisés par l’actuel Président, Robert Mugabe, pour s’assurer la victoire électorale.

Les autorités zimbabwéennes agissent en violation des instruments internationaux des droits de l’Homme notamment l’article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui prévoit " l’organisation d’élections périodiques, honnêtes, au suffrage universel et égal et au scrutin secret, assurant l’expression libre de la volonté des électeurs ".

Le pouvoir en place depuis 22 ans et sa vitrine partisane, l’Union nationale du Zimbabwe front patriotique (Zanu-PF), multiplient les intimidations et les actes de violence à l’encontre des militants de l’opposition et la société civile. Le Président Mugabe a ainsi récemment accusé de haute trahison son principal opposant, Morgan Tsvangirai, chef de fil du Mouvement démocratique pour le changement (MDC), lui imposant un véritable harcèlement judiciaire. En outre, l’établissement récent de la plupart des bureaux de vote en zone rurale coupe l’opposition de son soutien, majoritaire en ville.

Dans ses tentatives successives pour entraver le scrutin, le Président Mugabe a modifié les lois électorales. Ces nouvelles lois avaient été déclarées anticonstitutionnelles par la Haute Cour. Néanmoins, le chef de l’Etat a décrété d’autorité l’expulsion du corps électoral les ressortissants zimbabwéens résidant à l’étranger ou résidant depuis moins d’un an sur le territoire. Il a également obligé les individus ayant une double nationalité de faire le choix de leur citoyenneté s’ils souhaitent prendre part au vote. Il bénéficie pour se faire de l’aval partial de la Cour suprême.

Tous ces agissements cristallisent un fort climat de tension au sein de la population. Ce sentiment risque d’être attisé le jour du scrutin en raison de la décision prise par les autorités zimbabwéennes de donner mandat à l’armée pour organiser les élections mais aussi le décompte des voix ! De telles manipulations et modalités d’organisation sous la pression des baïonnettes défient l’imagination. Elles discréditent à l’avance ce scrutin.

La FIDH et ZIMRIGHTS condamnent les manipulations et intimidations du pouvoir en place destinés à altérer le libre choix de la population lors des élections présidentielles. Ces entraves évidentes au processus démocratique, essentiel à l’instauration d’un Etat de droit, s’inscrivent en violation manifeste des instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme et sont susceptibles d’accroître la contestation populaire.

La FIDH et ZIMRIGHTS demandent le report des élections et l’organisation de celles-ci dans des conditions satisfaisantes aux prescriptions du droit international, et appelle la communauté internationale à tirer les conséquences de cette situation dans ses relations avec le régime de ce pays.

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