Éviter de nouvelles violences et garantir le droit de manifestation pacifique

25/08/2017
Communiqué

Lomé, Paris, le 25 août 2017 – La FIDH et son organisation membre au Togo, la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH), dénoncent les violences survenues lors des manifestations du 19 août 2017 dans plusieurs villes du Togo et à la suite desquelles 66 personnes ont été arrêtées, dont des responsables politiques. Alors qu’une journée « ville morte » est organisée aujourd’hui et de nouvelles manifestations les 30 et 31 août, la FIDH et la LTDH appellent tous les acteurs à faire preuve de retenue et à s’abstenir de recourir à la violence. Nos organisations exhortent également les autorités togolaises à procéder à la libération immédiate des manifestants arbitrairement détenus, et garantir les libertés d’expression et de manifestation pacifique.

Les manifestations du 19 août ont été organisées à l’appel du Parti National Panafricain (PNP). L’itinéraire prévu par les organisateurs n’avait pas reçu l’assentiment des autorités ministérielles de la Sécurité et de la Protection Civile, ainsi que de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités Locales qui, la veille, sur un ton violent et menaçant, avaient expressément indiqué qu’elles disperseraient les manifestants. Les manifestations ont dégénéré en affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre et de défense à Lomé, Anié, Sokodé et Kara. [1]

Ces rassemblements étaient organisés pour demander le retour à la Constitution de 1992 et à une limitation des mandats présidentiels à deux mandats de cinq ans, avec en toile de fond la limitation du mandat présidentiel et le scrutin à deux tours, ainsi que le droit de vote des Togolais de la diaspora. Cela fait depuis 2002, date à laquelle la Constitution avait été modifiée, que l’opposition réclame l’adoption de telles mesures. [2]

Les autorités togolaises doivent garantir la sécurité des manifestants et prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher un usage disproportionné de la force par les forces de défense et de sécurité, et notamment le recours à des armes létales

Raphaël Kpande-Adzarede, Président de la LTDH

Les violences ont été plus importantes à Sokodé, bastion du PNP dans le centre du pays, où le bilan est d’au moins deux morts, tués par balles par les forces de l’ordre, et de 20 manifestants blessés, d’après les autorités. On note plusieurs dizaines de blessés et d’arrestations sur l’ensemble du territoire, dont le Secrétaire Général du PNP, Kossi Sama. Les manifestants ont pour leur part saccagé le commissariat de Sokodé, emporté du matériel, et incendié deux véhicules de police. [3]

Le 23 août 2017, les autorités indiquaient avoir arrêté 81 manifestants et en avoir libéré 15 pour insuffisance de charges. Les 66 manifestants détenus ont été placés sous mandat de dépôt et poursuivis pour diverses charges telles que délit de rébellion, destruction volontaire et voie de fait, détérioration et dégradation de biens publics et privés. [4]

Nos organisations appellent les autorités judiciaires et politiques à garantir la tenue d’enquêtes efficaces et de procédures équitables pour tous les auteurs présumés de meurtre et de violences, et à libérer les manifestants arrêtés et détenus pour le simple fait d’avoir manifesté.

Nos organisations appellent également les autorités togolaises à respecter leurs engagements internationaux et notamment la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, dont l’article 11 garantit le droit de se réunir, ainsi que la résolution 281 de la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples sur le droit de manifestation pacifique. [5]

La coalition Combat pour l’alternance politique en 2015 (CAP 2015), le PNP et un autre groupement de six partis ont indiqué unir leurs efforts pour obtenir des autorités togolaises les réformes demandées, la libération immédiate et sans conditions des personnes interpellées, ainsi que l’ouverture d’une enquête indépendante concernant les violences du 19 août. Une mobilisation est prévue aujourd’hui sous forme d’opération ville morte, afin de commémorer les victimes des manifestations et d’appeler à la libération des manifestants toujours détenus. Ces partis ont par ailleurs appelé à manifester les 30 et 31 août 2017. [6]

Nos organisations appellent les autorités togolaises à prendre les mesures nécessaires afin de garantir les libertés d’expression et de manifestation pacifique, et exhortent l’ensemble des acteurs à s’abstenir de tout recours à la violence.

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