Répression arbitraire des manifestations du 12 février : les témoins pris pour cibles

14/02/2005
Communiqué

la FIDH et son affiliée la Ligue togolaise des droits de l’Homme (LTDH) condamnent avec vigueur la répression par les forces de sécurité de la manifestation du 12 février 2005 ainsi que les représailles contre les témoins des évènements.

Depuis le coup d’Etat ayant porté au pouvoir Faure Eyadéma, le fils du défunt Président, les autorités tentent d’étouffer toute opposition.

Le pouvoir cherche tout d’abord à bâillonner les médias indépendants : coupures régulières de l’antenne de RFI et fermeture de quatre radios privées après réquisition des matériels d’émission. Vendredi 11 février, après de violents heurts contre la population qui tentait de s’opposer à la fermeture de radio nostalgie, deux manifestants, M. Akpossogna et M. Sevi ont été enlevés par les forces de sécurité. Il est apparu que le premier est détenu à la gendarmerie nationale. Nos organisations sont sans nouvelle de M. Sevi.

Le samedi 12 février, malgré l’interdiction du pouvoir de toute manifestation pendant les deux mois du deuil national, 3000 personnes ont répondu à l’appel lancé par six partis d’opposition et le Collectif des Organisations de la Société Civile et Syndicales du Togo pour manifester pour le retour à la légalité constitutionnelle. Dans le quartier de Bé, les forces de sécurité ont chargé les manifestants désarmés, au moyen de gaz lacrymogènes et coups de matraques. Des témoins ont pu entendre des tirs à balles réelles. Plusieurs manifestants ont été emmenés au siège du RPT (parti au pouvoir) où ils ont été battus par des militaires et gendarmes avant d’être relâchés.
Le bilan provisoire s’élève à 5 morts et une vingtaine de blessés parmi les manifestants.

Depuis, les témoins de cette répression sont la cible de miliciens qui tiennent quartier général au siège du RPT.

M. Nomenyo Sena, secrétaire général de l’organisation nationale pour l’unité totale de l’Afrique (ONUTA) et membre du Collectif des Organisations de la Société Civile et Syndicales du Togo, a disparu ce matin dans le quartier de Bé. Alors qu’il filmait des étudiants demandant à la population de respecter l’opération « ville morte » menée par l’opposition politique, des témoins l’ont vu se faire enlever par des personnes, non identifiées, conduisant un véhicule 4x4 noir.

Un peu plus tard dans la journée, c’est au tour du Président de l’ONUTA, M. Kambiagou Bansiti, d’être arrêté par les gendarmes, accusé d’être à l’origine des troubles dans le quartier de Bé.

Ce même lundi, toujours dans le quartier de Bé, un militaire a menacé d’arrêter Adoté Akwei, président de la LTDH, parce qu’il fait de « faux rapports pour ses patrons en France » sur la situation des droits de l’Homme au Togo. M. Akwei tentait alors de dissuader les forces de l’ordre « d’arroser » les étudiants.

Ce matin encore, Ernest Assigbe, Quiyeni-Tina Kumana, Dodji Agbegna et Serge Kponfou ont été arrêtés par les miliciens et détenus au siège du RPT. M. Serge Kponfou relâché quelques heures après fait état de mauvais traitements subis par les détenus. Ils ont été arrêtés pour être questionnés sur leur ami en fuite, Yves Yeme-Kponfou, accusé de détenir des images numériques des allers et venues des miliciens au siège du RPT.

La FIDH et la LTDH expriment leur préoccupation pour l’intégrité des personnes actuellement détenues par les services de l’Etat comme par les miliciens du RPT.

Elles s’inquiètent du climat délétère et arbitraire qui se développe, laissant craindre le pire pour les populations civiles au Togo.

Elles rappellent que les autorités togolaises autoproclamées assument la responsabilité première des atteintes à l’intégrité physique des civils.

La FIDH et la LTDH réitèrent leur appel à la mobilisation des instances intergouvernementales concernées y compris par l’instauration de sanctions visant exclusivement les auteurs du coup d’Etat du 5 février.

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