La FIDH et la LTDH condamnent vigoureusement la dictature héréditaire

06/02/2005
Communiqué

Le général Gnassingbé Eyadema, est décédé le samedi 5 février 2005. Dès l’annonce de son décès, l’armée togolaise a aussitôt « confié » le pouvoir à Faure Eyadéma, un des fils du chef de l’Etat défunt.

Paris, le 6 février 2005 - Dans un communiqué lu à la télévision, le chef d’état-major de l’armée togolaise a appris ce coup de force au peuple togolais.

La FIDH et la Ligue togolaise des droits de l’Homme (LTDH), son affiliée togolaise, condamnent vivement ce coup d’Etat militaire et exigent le retour immédiat à l’ordre constitutionnel. La mort du Président Eyadema doit être l’occasion pour la population togolaise d’entrevoir pour la première fois depuis 1967 la possibilité d’élections libres et démocratiques et non d’assister à l’enterrement définitif de l’Etat de droit avec le sacre d’une dictature héréditaire.

La FIDH rappelle que la Constitution togolaise prévoit qu’ « en cas de vacance de la présidence de la République par décès, la fonction présidentielle est exercée provisoirement par le président de l’Assemblée nationale ». Or le vol par lequel le président de l’Assemblée nationale, Fambaré Natchaba Ouattara, rentrait au Togo immédiatement après l’annonce du décès de M. Eyadéma a été détourné vers le Bénin après la décision prise par l’armée de fermer toutes les frontières « pour des raisons de sécurité ».

La FIDH et la LTDH appellent la communauté internationale à dénoncer le coup d’Etat militaire et à exiger du Togo le respect des 22 engagements pris avec l’Union européenne dans le cadre de l’article 96 de l’Accord de Cotonou, notamment concernant les exigences de l’Etat de droit. Les deux organisations se félicitent de la ferme condamnation par le président de la Commission de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré, de ce qu’il a à juste titre appelé un « coup d’Etat militaire ».

La mort de Gnassingbé Eyadema doit mettre un terme à 38 années de dictature, la plus ancienne du continent africain. Dans son rapport « l’arbitraire comme norme et 37 ans de dictature » [1]
, la FIDH dévoilait les graves violations des droits de l’Homme commises au Togo sous le règne d’Eyadema : torture systématique dans les commissariats en toute impunité, justice aux ordres du pouvoir, prisons surpeuplées, opposants et presse sous étroite surveillance, élections tronquées... La FIDH concluait que la violence omniprésente au Togo, était « érigée en véritable système de gouvernement ».

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