Tchad : répression violente des manifestations de soutien à l’opposition

AFP

Paris, N’Djaména, le 9 septembre 2022. De graves incidents secouent la capitale tchadienne N’Djamena et un usage disproportionné de la force est fait par la police anti-émeute. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH) et ses autres organisations membres appellent à l’arrêt des violences. La communauté internationale, et en particulier l’Union africaine, doit agir pour que la situation s’apaise et que les processus démocratiques suivent leurs cours.

Depuis le milieu de journée du 9 septembre 2022, la police anti-émeute tchadienne procède à des tirs de gaz lacrymogènes contre des partisan·es non armé·es du mouvement d’opposition Les transformateurs manifestant à N’Djaména. Les heurts ont commencé alors que des centaines de manifestant·es se rendaient au Palais de justice pour accompagner le principal leader de l’opposition, Succès Masra, convoqué par le procureur de N’Djaména. [1]

Devant la pression des forces de sécurité et de défense, Succès Masra et ses partisan·es se sont retranché·es au siège du mouvement Les transformateurs, dans le quartier d’Abena. Selon les témoignages recueillis par la société civile nationale, la situation dans les locaux du parti Les transformateurs serait critique. Sur les réseaux sociaux et des groupes Whats’App, Succès Masra a lancé un appel à l’aide à la communauté internationale, accompagné de photos de ses partisan·es suffocant visiblement au sol sous l’effet des gaz lacrymogènes.

Tchad : un climat de harcèlement et de menaces envers l’opposition

Ces événements interviennent dans un climat de harcèlement et de menaces permanents des membres de l’opposition des leaders de la société civile, y compris des défenseur·es des droits humains. Membre de Wakit Tama, coalition formée par la société civile et des partis d’opposition, le mouvement Les transformateurs boycotte le Dialogue national inclusif (DNI), débuté le 20 août 2022 à l’initiative de Mahamat Idriss Déby Itno, chef de la junte au pouvoir depuis la mort de son père Idriss Déby, le 21 avril 2021.

Depuis la prise de pouvoir de Mahamat Idriss Déby Itno, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et son organisation membre au Tchad, la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH) ont interpellé à plusieurs reprises la communauté internationale sur la commission de violations graves du droit à la liberté de manifester, suite à la mort de plusieurs manifestant·es. Nos organisations ont également alerté sur la multiplication des arrestations de manifestant·es et l’intimidation de plusieurs journalistes.

Violences au Tchad : la communauté internationale doit réagir

La FIDH et ses organisations membres au Tchad demandent la fin immédiate des violences en cours à N’djamena, à l’égard des leaders de l’opposition et de la société civile, ainsi que l’ouverture de l’espace démocratique au Tchad.

Rappelant les obligations de la République du Tchad en vertu de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance et des autres instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits humains ratifiés par l’État tchadien ;
 nos organisations exhortent la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP) à interpeller les autorités tchadiennes de transition sur leurs obligations en matière de respect du droit de manifestation pacifique, issues de la Résolution 281 [2] par la CADHP lors de la 55e session ordinaire de mai 2014 ;
 nos organisations demandent à la communauté internationale, et notamment à l’Union africaine, aux Nations unies et aux partenaires internationaux du Tchad, d’exiger l’arrêt des violences en cours contre les membres de l’opposition et leurs partisan·es, et la fin des restrictions apportées à l’espace démocratique de manière générale depuis le début de la période de transition.

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