Tchad : favoriser la contribution des femmes à la transition politique

15/03/2022
Communiqué
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Abigail Gérard

À N’Djaména, les 11 et 12 mars 2022, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH) et le Comité de suivi de l’appel à la paix et à la réconciliation (CSAPR) ont organisé un atelier d’échanges et de formation des femmes leaders de la société civile sur la participation des femmes dans la gouvernance démocratique. Cette activité, qui s’est tenue à l’hôtel La Tchadienne, s’est déroulée dans le cadre du projet « Ma voix Compte 2 », avec le soutien de l’Union européenne.

Pour contribuer à la consolidation de la paix et du vivre ensemble et à la promotion et à la protection des droits humains pendant la période de transition que connaît le Tchad, nos organisations ont fait appel à Bintou Founé Samaké Bouaré, présidente de Wildaf Mali (Femmes Droit et Développement en Afrique) et à Maître Delphine Kemneloum Djiraibé, co-fondatrice de l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’Homme (ATPDH), organisation membre de la FIDH au Tchad. L’objectif de cet atelier était de former les participantes aux techniques de plaidoyer et aux stratégies militantes solidaires. Les échanges ont notamment permis l’identification des barrières structurelles expliquant les très faibles participation et représentation des femmes dans la gouvernance locale et nationale au Tchad, ainsi que la formulation de recommandations et pistes d’action concrètes pour le renforcement de la participation des femmes et de la prise en compte des droits des femmes dans le processus de transition en cours.

« En plus de l’analphabétisme, les mariages précoces et/ou forcés et la dépendance économique des femmes, nous devons affronter le manque de connaissance des textes de lois promouvant nos droits. »

Marie T. (Le nom a été changé)

À la suite de la mort du Président Idriss Déby Itno en avril 2021, après 30 ans de pouvoir, un conseil militaire de transition (CMT) dirigé par son fils, Mahamat Idriss Déby a été mis en place. Le 21 avril 2021, une charte de transition a été adoptée par le CMT de façon unilatérale et sans consultation des acteurs de la société civile, prévoyant une feuille de route étalée sur 18 mois, période au cours de laquelle se tiendrait un dialogue national inclusif (DNI) suivi d’élections transparentes, libres et crédibles, pour un retour à un pouvoir civil. Si le « pré-dialogue » entre les politico-militaires et le gouvernement tchadien s’est ouvert à Doha le dimanche 13 mars 2022, on note une absence criante des femmes à la table des négociations.

Nos organisations appellent toutes les parties prenantes à garantir une participation inclusive et effective de la société civile au dialogue politique en cours, et les appellent à accorder une attention particulière à assurer la représentation des femmes et des enjeux en matière de promotion et de protection des droits des femmes lors des débats.

« À cause des pesanteurs socio-culturelles et de la tradition, les femmes ont peur d’être stigmatisées. Lorsqu’elles s’engagent en politique, on ne les considère pas. »

Aminata B. (Le nom a été changé)

À l’issue de ces deux jours d’ateliers, les participantes ont formulé les recommandations suivantes.

Recommandations de l’atelier des femmes sur la gouvernance démocratique et inclusive au Tchad (Ma Voix Compte 2)

Nous demandons au gouvernement de la Transition au Tchad de :
 inclure les femmes de la société civile dans le dialogue national inclusif ;
 adopter le code des personnes et de la famille ;
 garantir la parité dans les fonctions nominatives et électives en République du Tchad et au niveau régional ;
 garantir la mise en application des textes nationaux et internationaux en faveur des droits des femmes, conformément aux obligations de l’État tchadien.

Nous demandons à nos organisations partenaires de cet évènement, le CSAPR et la LTDH ainsi que la FIDH, et les autres partenaires internationaux de :
 soutenir la dynamique de mise en réseau des femmes de la société civile au Tchad ;
 continuer le renforcement des capacités des femmes et des organisations des femmes ;
 promouvoir la vulgarisation de l’ordonnance N°012/PR/2018 du 22 mai 2018 instituant la parité dans les fonctions nominatives et électives en République du Tchad au niveau des communautés.

Nous appelons l’Union européenne à :
 soutenir davantage les projets des femmes tchadiennes particulièrement dans le cadre de la bonne gouvernance et de la promotion de la démocratie au Tchad.

Nous, les participantes de cet atelier des femmes leaders de la société civile au Tchad nous engageons à :
 capitaliser les connaissances acquises au cours de cette formation ;
 diffuser à la base, dans nos communautés, ces connaissances et réflexions enrichies lors de cet atelier ;
 mettre en pratique les stratégies et réflexions collectives issues de cette formation.

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