Suspension de Radio FM liberté

12/02/2002
Appel urgent

La Fédération Internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) a appris la décision prise hier par le Haut conseil de la communication, de suspendre Radio FM liberté.

Radio FM liberté, créée en août 2000 par les associations de défense des droits de l’Homme locales, est la principale radio indépendante au Tchad ; elle émet à N’djaména et dans les environs et bénéficie d’une très large audience.

La décision du Haut conseil de la communication porte suspension de radio FM liberté pour trois semaines, à compter du 22 février, notamment pour " mauvaise gestion de l’information relative à la grève des étudiants de Ngaoundéré (Cameroun) " par cette radio. En janvier de cette année, des étudiants de l’Université de Ngaoundéré ont fait la grève, et Radio FM liberté a reçu des informations faisant état de mauvais traitements que les forces de l’ordre camerounaises auraient infligés aux étudiants tchadiens inscrits à cette université camerounaise

La FIDH tient à souligner que les responsables de Radio FM liberté ont tenté à plusieurs reprises de vérifier la véracité des informations reçues auprès des autorités tchadiennes, en vain.

En tout état de cause, la FIDH considère que la décision de suspension de radio FM liberté viole la liberté d’expression, consacrée par la Constitution tchadienne et par l’article 19 du Pacte international sur les droits civils et politiques, ratifié par le Tchad. Cette suspension viole également l’article 6 de la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’Homme, qui dispose que " chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme et autres instruments internationaux applicables, de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l’Homme et toutes les libertés fondamentales ".

La FIDH considère que l’accusation lancée par les autorités tchadiennes contre Radio FM liberté d’avoir incité à la haine et à la xénophobie est un prétexte pour la museler. Cette décision est d’autant plus préoccupante qu’elle prend place dans un contexte de préparation des élections législatives, dont la date a été récemment fixée au 21 avril par un décret présidentiel ; ce décret fait fi des revendications des partis de l’opposition et des associations de défense des droits de l’Homme concernant les prochaines élections (reprise du recensement électoral, garanties d’indépendances de la Commission électorale nationale indépendante).

La FIDH condamne par conséquent avec vigueur la suspension de Radio FM liberté et demande sa réouverture immédiate.

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