Situation très préoccupante

30/05/2001
Rapport

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) exprime sa très vive préoccupation concernant l’arrestation arbitraire des leaders de l’opposition et les menaces qui pèsent sur ses militants.

En effet, des forces de sécurité conduites par le Colonel Adoum ont procédé ce matin à l’arrestation, de Ngarlejy Yorongar, Ibni Oumar Mahamat Saleh, Wadal Abdel Kader Kamougue, Saleh Kebzabo, Delwa Kassiré Coumakoye et Jean Bawoyeu Alingué, à leurs domiciles respectifs. Le Président de l’Union des syndicats du Tchad (UST), Boukinibé, et son sécretaire général, Djibrine Assali, et Abderahmane Djasnabaye. Tous les directeurs de campagne des 6 candidats de l’opposition ainsi que 20 autres militants de l’opposition dont Jean Baptiste Laokolé qui étaient en réunion au domicile de Jean Bawoyeu Alingué ont également été arrêtés. Ils ont été conduits à l’école de police de Ndjaména, avant d’être conduits séparément vers des destinations inconnues.
Ces arrestations font suite à la décision des partis de l’opposition d’organiser les funérailles du jeune de 22 ans, Brahim Selget, qui a succombé à ses blessures consécutives à la répression brutale des militants de l’opposition par la police le 28 mai 2001 devant le domicile de Saleh Kebzabo.
Les membres du collectif des associations de défense des droits de l’Homme, qui tentaient d’intervenir auprès du Ministre l’intérieur pour exiger la libération des personnes arrêtées, ont été bousculés devant les locaux du Ministère de l’intérieur et leurs téléphones arrachés.
Selon nos informations la situation est très tendue dans la capitale, où un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé aux abords du domicile de Saleh Kebzabo. Les autorités tchadiennes s’attellent à réprimer toutes les velléités de manifestation de l’opposition, dont les rassemblements sont interdits jusqu’à nouvel ordre.
Hier déjà les forces de l’ordre avaient encerclé le domicile du frère de Ngarlejy Yorongar, à Moundou.
La FIDH rappelle que le respect des valeurs démocratiques et de la volonté populaire est la seule issue possible pour le peuple tchadien soucieux d’instaurer un Etat de droit respectueux des principes démocratiques et des droits de l’Homme.
La FIDH dénonce les brutalités policières sur les militants de l’opposition. Elle condamne le recours à la force comme moyen de répression sur les manifestations pacifiques de l’opposition.
Elle s’associe en outre à ses partenaires locaux pour exiger la poursuite des auteurs de la mort de Brahim Selgat.
La FIDH qui craint pour la vie des personnes arrêtées ce matin, exige leur libération immédiate. Elle appelle également à la cessation des actes d’intimidation des forces de sécurité et à éviter tout recours disproportionné et arbitraire à la force.
Enfin, elle exhorte les autorités tchadiennes à respecter les libertés fondamentales et les droits de l’Homme, conformément à leurs engagements internationaux.

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