Risques de dérapage du processus électoral

24/05/2001
Rapport

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) exprime sa très vive préoccupation à l’égard du climat de tension qui précède la proclamation des résultats des élections présidentielles au Tchad.

En effet, le scrutin de dimanche dernier malgré un calme relatif a été émaillé par des actes d’agressions sur certains observateurs nationaux. Messieurs Ngarbaye Ngatoguyam de la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH), Sayam de l’Association tchadienne pour la non-violence (ATNV) et Boukinibé président de l’Union des syndicats du Tchad, ont été passés à tabac par des partisans de l’actuel Secrétaire d’Etat à la fonction publique, Monsieur Oumar Boukar dont le parti, Action pour le renouveau du Tchad (ART), est allié au candidat Idriss Déby. Selon nos informations ils ont été battus pour avoir voulu vérifier les informations faisant état de distribution frauduleuse de cartes d’électeurs au domicile de Monsieur Oumar Boukar.
Les dérapages et la surenchère verbale qui précédent la proclamation des résultats par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) présagent d’une période post-électorale très troublée.
En réponse aux accusations de l’opposition qui prétend que l’actuel Président veut confisquer le résultat des urnes, un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé dans les principales artères de la capitale.
La tension est très perceptible à NDjamena, où les forces de sécurité ont pris position aux abords du domicile du principal opposant à Idriss Déby, Monsieur Yorongar. Hier déjà la garde présidentielle avait ouvert le feu sur un adolescent qui avait stationné aux abords de la présidence pour réparer son vélo.La FIDH rappelle que le respect des valeurs démocratiques et de la volonté populaire est la seule issue possible pour le peuple tchadien soucieux d’instaurer un Etat de droit respectueux des principes démocratiques et des droits de l’Homme.Une confiscation du verdict des urnes ou une attitude " jusqu’au boutiste " ne ferait qu’accroître les souffrances d’un peuple qui veut enfin rompre avec un passé marqué par des années de guerre civile et de graves violations des droits de l’Homme, qui ont laissé une économie exsangue.

La FIDH rappelle, en outre, la nécessaire égalité de traitement entre les médias. Les médias d’Etat et les médias privés proches du pouvoir ont commencé à annoncer des résultats favorables à l’actuel Président Idriss Déby.La FIDH rappelle à cette occasion que l’annonce des résultats revient à la CENI.La FIDH s’associe en outre à ses partenaires locaux pour exiger la poursuite des auteurs des actes d’agression sur les observateurs nationaux.Elle appelle à l’arrêt des déclarations visant à faire monter la tension par les différents candidats ainsi qu’à l’arrêt des actes d’intimidation des forces de sécurité.Enfin, la FIDH appelle au respect le plus absolu de la transparence des résultats du scrutin présidentiel.

Lire la suite